La révolution de l’IA dans le cinéma est-elle déjà en train de bouleverser la façon dont Netflix fabrique nos séries et films préférés ? Le géant du streaming vient d’annoncer une utilisation inédite de l’intelligence artificielle générative pour créer des scènes jamais vues auparavant… mais qu’est-ce que cela change, vraiment, pour l’industrie, les créateurs et les spectateurs ?
C’est lors d’une conférence téléphonique post-résultats que Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, a jeté un pavé dans la mare en révélant que la plateforme venait de proposer « le tout premier plan final généré par IA à apparaître à l’écran » dans une série argentine, « El Atonata ». En collaboration avec son équipe interne et les producteurs du show, Netflix a utilisé l’IA pour donner vie à une scène de bâtiment qui s’effondre. Mais pourquoi faire appel à l’IA, et avec quels résultats concrets sur la production audiovisuelle ?
D’après Sarandos, ce recours à l’IA a permis de terminer la scène dix fois plus vite qu’avec les effets spéciaux habituels, tout en réduisant de façon significative les coûts. Faut-il y voir une simple astuce de rentabilité ou le signe que l’IA va transformer la création artistique ? Le dirigeant affirmait en tout cas : « Nous restons persuadés que l’IA représente une opportunité incroyable pour aider les créateurs à réaliser de meilleurs films et séries, pas juste à en faire des moins chers. » À l’heure où la grande majorité des effets spéciaux n’étaient réservés qu’aux blockbusters, cette avancée démocratise-t-elle réellement l’accès à la technologie ?
Netflix affirme que l’IA accélère et démocratise la production, mais suscite-t-elle une nouvelle ère créative… ou de nouveaux débats éthiques ?
La mutation ne s’arrête pas au département des effets spéciaux. Greg Peters, également co-PDG, précise que Netflix mise aussi sur l’IA générative pour personnaliser l’expérience des abonnés, mieux cibler la publicité et faciliter la recherche de contenus. Le lancement d’une option de recherche boostée par IA, ou encore l’arrivée d’annonces interactives promises pour la fin 2025, donnent le ton : la data et l’automatisation entrent dans toutes les strates de la plateforme. Cette intégration massive questionne : jusqu’à quel point l’intelligence artificielle va-t-elle décider à notre place ce que nous consommons, et comment cela va-t-il impacter la diversité des œuvres proposées ?
Côté chiffres, Netflix se porte comme un charme, avec un chiffre d’affaires ayant grimpé de 16 % en un an pour atteindre 11,08 milliards de dollars au deuxième trimestre, et plus de 95 milliards d’heures de visionnage sur le premier semestre 2025. Un tiers de ces vues porte sur des contenus non-anglophones, signe d’un certain appétit global pour la diversité. Mais dans ce contexte de croissance record, le recours à l’IA est-il pensé pour servir le spectateur… ou les résultats financiers ?
Ce tournant technologique pose la question fondamentale de l’avenir du métier de créateur : demain, l’algorithme remplacera-t-il une partie de la main de l’homme ? Les scénaristes, réalisateurs et techniciens du cinéma sont-ils prêts à travailler main dans la main avec la machine ? Et, au-delà, qu’en pensent les spectateurs qui cherchent avant tout l’émotion et l’originalité d’une œuvre humaine ?
Face à l’irruption de l’IA dans les coulisses de la fiction, une interrogation demeure : sommes-nous à l’aube d’un âge d’or de la créativité assistée… ou d’une standardisation froide de nos divertissements préférés ?
Source : Techcrunch
