Est-ce qu’Amazon s’apprête à révolutionner notre quotidien ou à franchir une nouvelle ligne rouge en matière de vie privée ? Tout récemment, le géant américain de la tech a annoncé l’acquisition de la startup Bee, une jeune pousse qui fait déjà couler beaucoup d’encre. Pourquoi se lancer dans le marché du wearable qui écoute tout ce que nous disons ? Quelles ambitions se cachent vraiment derrière ce rachat peu détaillé et pour l’instant gardé sous un voile de confidentialité ?
Bee n’est pas un assistant vocal comme les autres. Son application, disponible notamment sur Apple Watch, enregistre pratiquement tout ce que son porteur dit, tout au long de la journée. Bien sûr, il existe un bouton « mute » pour désactiver temporairement l’écoute, mais la promesse – ou le risque ? – est bel et bien d’enregistrer l’ensemble des échanges de la vie quotidienne. Qui aurait pu croire que l’intelligence artificielle finirait par s’immiscer aussi profondément dans notre intimité pour mieux nous assister ?
Amazon n’a pas souhaité divulguer les détails du montant de l’acquisition, ni le calendrier de la finalisation. Toutefois, tous les employés de Bee auraient reçu une offre pour rejoindre l’équipe du géant de Seattle. Mais quelle est la carte maîtresse ici : la technologie ? Le talent chez Bee ? Ou la recherche d’une nouvelle ère où la collecte passive de données devient organisationnelle ? Les questions d’éthique n’ont jamais été aussi aiguës.
Amazon pourrait-il transformer notre façon d’interagir avec l’IA au prix de notre vie privée ?
En termes d’antécédents, Amazon a déjà tâtonné sur le marché des objets connectés. Souvenez-vous du tracker Halo, abandonné en 2023, ou des Echo Frames qui, eux, persistent encore. Mais n’est-ce pas la dimension « AI » qui donne à cette acquisition toute son importance ? Alors qu’Amazon veut renforcer Alexa+ avec de l’intelligence artificielle générative, la « fonction d’écoute permanente » de Bee rappelle également les remous provoqués par les révélations sur l’écoute accidentelle – mais bien réelle – des conversations privées des utilisateurs d’Alexa il y a quelques années. Amazon saura-t-il rassurer ?
La startup Bee revendique des usages très variés : résumer une journée, suggérer des tâches, rappeler des échanges passés, voire aider à grandir personnellement en traquant réussites et échecs, même dans la sphère familiale. Mais où se situe la frontière entre l’assistance bienveillante et la surveillance permanente ? À qui profitent vraiment ces mégadonnées ?
Nombre d’acteurs de la tech rêvent de l’assistant numérique ultime, capable de tout retenir et tout anticiper. Ce rêve deviendra-t-il un cauchemar pour les défenseurs de la vie privée ? Ou Bee incarnera-t-il un pas de géant vers une IA personnalisée, mais éthiquement encadrée ? À la lumière de cette acquisition, une question fondamentale hante tous les esprits : sommes-nous prêts à troquer une partie de notre intimité contre un assistant omniscient signé Amazon ?
Alors, cette fusion entre Amazon et Bee, catalyseur d’innovation ou détonateur de polémiques ? Le débat ne fait que commencer.
Source : Engadget
