La nostalgie peut-elle être achetée en briques ? Avec l’annonce du nouveau set Lego dédié à la Game Boy, c’est la question que beaucoup de fans de technologie et de culture pop se posent actuellement. Pourquoi Lego décide-t-il aujourd’hui de miser sur un des symboles les plus marquants de l’histoire du jeu vidéo portable ? Est-ce seulement un coup de marketing, ou y a-t-il un réel engouement derrière cet hommage en plastique ?
Détaillons. Lego vient de lever le voile sur une réplique de la Game Boy originelle, entièrement composée de 421 pièces et pourvue de boutons fidèles au modèle de Nintendo. On appuie, on touche, mais on ne joue pas : est-ce frustrant pour les inconditionnels du jeu vidéo, ou simple hommage à la magie du rétro ? Parmi les accessoires, les fans retrouveront des “cartouches” de Legend of Zelda : Link’s Awakening et Super Mario Land – là encore en version brique – accompagnées de petits écrans lenticulaires illustrant des scènes de démarrage typiques. Suffit-il de ces détails pour plonger une nouvelle génération dans le bain de l’émotion enfantine ?
Le set Lego ne s’arrête pas là. La console en briques s’accompagne d’un présentoir tout aussi minutieux, destiné à trôner sur une étagère ou au bureau, affichant fièrement les couleurs du rétrogaming. Le souci du détail va jusqu’à la molette de contraste et la roue de volume, sans oublier la fente pour insérer les “Game Paks”. Mais ce souci du détail ne pose-t-il pas justement la question d’une reproduction parfois stérile de l’objet culte, où l’on admire sans jamais jouer ?
Entre hommage nostalgique et objet de collection, le set Lego Game Boy ranime le débat sur le sens du jouet pour adultes.
Ce n’est pas la première fois que Lego s’aventure sur le terrain de Nintendo. Souvenons-nous du set NES lancé en 2020 – déjà source de passion et de débats. Est-ce le signe d’un repositionnement assumé de la marque vers les adultes geeks et collectionneurs ? Et à près de 60 dollars, la boîte s’adresse-t-elle vraiment aux enfants ou à ceux, plus âgés, qui collectionnent autant qu’ils cherchent à revivre une époque révolue ? La sortie est prévue pour octobre 2025, mais la précommande bat déjà son plein. Jusqu’où ira la fièvre ?
En jetant un œil à la stratégie de Lego, on sent bien que l’entreprise joue sur tous les tableaux : les liens avec des licences iconiques s’accumulent, la frontière entre jouet et objet d’art s’amenuise. Que penser de cette dérive consumériste et nostalgique ? N’est-ce pas un filon juteux exploité au détriment de la créativité originelle des briques que l’on inventait enfant ?
Alors, ce nouveau set : simple gadget, hommage sincère ou opportunité de redescendre en enfance pour mieux satisfaire le besoin de collectionner ? Qu’est-ce qui attire vraiment les acheteurs ? L’objet lui-même, l’histoire à laquelle il renvoie – ou seulement la satisfaction d’appartenir à une communauté de fans toujours plus nombreuse ?
Finalement, Lego réussit-il à unir les générations ou se contente-t-il de surfer sur la mode du vintage pour booster ses ventes ? Une chose est sûre : la Game Boy en briques de couleurs n’a pas fini de raviver notre fascination pour les icônes du passé. Mais sera-t-elle le point de départ d’une nouvelle ère du jouet pour adultes ou la énième pièce d’un puzzle marketing ?
Quel est finalement le véritable pouvoir de ces objets cultes revisités, et jusqu’où pouvons-nous céder à la tentation nostalgique sans perdre notre âme de joueur ?
Source : Engadget




