Entre boutique relookée, robots acrobates, startups en mode télé-réalité, IAs dézinguant les lois et États-rois du fichage numérique, l’avenir de la tech ressemble furieusement à un Black Mirror avec options premium. La métamorphose de Steam n’est qu’un exemple : chaque clic, chaque recommandation ultra-personnalisée, n’est plus là pour nous guider, mais pour polir le miroir de nos habitudes et nourrir la bête de l’achat impulsif. Un design pour mieux consommer son angoisse de collectionneur, et, accessoirement, pour masquer la dernière purge imposée par les banques sur le contenu “sensible”… On affine, on lisse, on range — mais ce n’est pas un tri Marie Kondo, c’est le rangement par et pour l’algorithme-roi.
Pendant ce temps, l’IA ne se contente plus de trier tes jeux, mais commence à désosser les lois et règlements de tout un pays. Désormais, les dogmes administratifs vacillent sous les suggestions du DOGE AI. “Ceci est obsolète, ceci n’est plus légalement vital” : à la chaîne, 50 % des vieilles lois à la poubelle ! Sauf que, surprise, le détecteur de bêtises IA n’a rien à envier à une Kiss Cam mal réglée chez Astronomer, où deux cadres se font licencier parce que la viralité prime. L’intelligence, qu’elle soit humaine ou artificielle, semble buter sur le même écueil : la gestion catastrophique de ce qui nous échappe, des bugs algorithmiques aux raz-de-marée de la réputation.
La crise de la vérification généralisée au nom des bonnes mœurs — coucou la protection des mineurs au Royaume-Uni — n’est jamais loin de la vision dystopique. Plus d’anonymat, selfie obligatoire, papiers à l’appui pour consulter son subreddit favori ou swiper à droite sur Grindr. D’un contrôle pour enfants, on glisse mine de rien vers une normalisation du flicage et une industrialisation du soupçon. Un jeu de chat et de souris dopé à la tech : la législation veut sécuriser, les geeks piratent, tout le monde s’évite et, en chemin, ce sont les failles de sécurité qui explosent.
Plus on veut maîtriser la technologie, plus elle nous transforme en ses instruments – et sa dernière pirouette n’est pas toujours celle qu’on attend.
Dans ce cirque numérique, les robots font désormais des saltos pas chers (salut le R1 de Unitree), quant à Tesla, elle s’improvise maître du code… de la route. La firme d’Elon s’impatiente, teste ses robotaxis sans se soucier du savoir-faire réglementaire et tente un passage en force à la Uber, pariant sur la viralité et la confusion plus que sur la conformité. Entre la startup éjectée du storytelling par un scandale de caméras, et la big tech pressée de brûler le code (de la route et de l’éthique), le vrai bug, c’est celui d’un monde qui veut courir plus vite que le logiciel qui le gouverne.
À force de tout quantifier, trier, automatiser, filtrer, la tech organise le chaos — mais en y ajoutant une surcouche d’opacité, de flicage ou de dérision. La seule loi universelle ? Plus la technologie promet de simplifier le monde, plus elle complique nos vies dans les recoins. Peut-être que la prochaine évolution, ce ne sera ni l’IA, ni le robot à poirier, ni le robotaxi hors-la-loi, mais juste un anti-spoiler universel : une technologie capable de nous épargner la prochaine crise… ou du moins de la rendre, enfin, productive.




