Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour veiller sur nos enfants ? Cette question s’impose à la sortie des nouvelles chaussures Find My Skechers qui cachent, sous le talon, un compartiment prévu pour un Apple AirTag. La promesse ? Permettre aux parents de suivre à la trace leurs enfants — une idée qui, en 2024, semble moins de la science-fiction que du quotidien technologique. Mais doit-on vraiment vouloir géolocaliser les plus jeunes dès la maternelle ?
Difficile de ne pas penser à cette époque où l’on donnait rendez-vous à la porte de la maison, sans smartphone ni GPS. Aujourd’hui, entre le traçage via Snapchat et la surveillance par smartwatch, a-t-on basculé d’un sentiment de liberté enfantine à une surveillance omnisciente ? Les Find My Skechers s’adressent à des enfants d’un an à dix ans : qui sont ces parents qui ressentent le besoin de placer un AirTag sous les pieds de leur bambin ? Y a-t-il une réelle menace ou s’agit-il d’un nouveau marché pour acheteurs anxieux ?
La question du consentement et de la confiance entre parents et enfants devient alors centrale, surtout quand on sait que 42% des préadolescents de 10 ans possèdent déjà un smartphone et peuvent être alertés qu’un accessoire les suit. Un traçage trop intensif ne risque-t-il pas de briser cette relation et même d’encourager la rébellion ? Des études montrent en effet que la surveillance numérique peut avoir, paradoxalement, l’effet inverse de celui recherché, poussant les jeunes à des comportements plus secrets ou rebelles.
L’arrivée de chaussures traçables pourrait bien bouleverser la frontière délicate entre protection et contrôle parental.
Les avantages pratiques sont toutefois indéniables : qui n’a jamais cherché désespérément une chaussure disparue à l’école ou chez un copain ? Certains internautes envisagent même d’utiliser ce dispositif pour garder un œil sur des proches âgés, alors, est-ce un progrès ou un pas de trop vers une société sous surveillance ?
D’après la publicité officielle, le compartiment caché est si ingénieux que l’enfant ne sentira même pas l’AirTag, et les chaussures passent à la machine sans problème. Mais il faut acheter l’AirTag séparément. Au-delà de l’aspect commercial, ce lancement interroge : la technologie doit-elle encore envahir l’intimité de nos enfants ? Ou la tranquillité d’esprit mérite-t-elle quelques concessions éthiques ?
En définitive, que penser de ces chaussures espionnes qui brouillent les pistes entre innovation rassurante et menace à la liberté individuelle ? Protéger veut-il obligatoirement dire surveiller sans relâche ?
Source : Engadget



