Les nouvelles avancées d’Uber Eats en matière d’intelligence artificielle sont-elles sur le point de transformer nos habitudes alimentaires ou risquent-elles d’ajouter une couche de confusion dans un secteur déjà saturé d’innovation ? À travers ses récentes annonces, la plateforme de livraison annonce vouloir faciliter et enrichir l’expérience utilisateur tout en aidant les restaurateurs à capter de nouveaux clients. Mais que cachent réellement ces ajouts ?
L’amélioration des visuels de plats par l’IA promet une révolution pour les menus en ligne. Désormais, une simple photo prise à proximité de votre burger pourrait se transformer — grâce à la magie de l’algorithme — en une image appétissante du plat dressé. Pourtant, cette technologie qui recrée des parties d’image absentes interpelle : comment garantir l’authenticité des photos montrées aux clients ? Peut-on vraiment faire confiance à des images générées pour représenter fidèlement la réalité de ce qui sera livré ? L’expérience de certains services, qui se sont laissés dépasser par leur propre IA, alimente un climat de méfiance.
Au-delà des photos, Uber Eats affirme que l’intelligence artificielle va aussi améliorer les descriptions de menus. L’objectif ? Rassurer le client sur le contenu de sa commande et lui offrir une expérience plus transparente. Mais ces textes générés seront-ils exempts d’erreurs, ou au contraire risquent-ils de créer de nouvelles « hallucinations », telles que ces informations invraisemblables inventées par les IA génératives ? Quant à l’analyse automatisée des avis clients, saura-t-elle distinguer les véritables forces des points d’amélioration, ou ne fera-t-elle qu’enfoncer des portes ouvertes sur la base de statistiques biaisées ?
La promesse d’une expérience client enrichie et d’une collaboration plus fluide masque-t-elle des risques de désinformation et de manipulation ?
Dans un effort pour étoffer sa base d’images, Uber propose même aux utilisateurs de contribuer : 3 dollars de crédit pour l’envoi de photos de plats non illustrés sur les menus. Ce modèle participatif, déjà répandu ailleurs, ne risque-t-il pas de brouiller encore plus la frontière entre communication officielle et contenus générés par des utilisateurs souvent peu experts ? Et quels garde-fous sont réellement en place pour vérifier la qualité et la véracité de ces photos ?
Enfin, l’ajout de la fonction « Live order chat » paraît anodin, mais il ouvre la voie à des échanges directs entre commerçants et clients dès la commande validée. S’agit-il d’un pas vers une expérience ultra-personnalisée, ou d’un nouveau canal d’intervention qui pourrait déboucher sur un service client plus intrusif ?
Derrière ce déploiement massif d’outils intelligents, Uber Eats cherche à se positionner en pionnier de l’expérience utilisateur numérique. Mais la course à l’intelligence artificielle dans la foodtech pose autant de questions qu’elle prétend en résoudre : quelles seront les conséquences pour les restaurateurs qui peinent déjà à se démarquer ? Cette sophistication technologique ne risque-t-elle pas, à terme, de déshumaniser la relation entre clients, livreurs et commerçants ?
Au final, Uber Eats prend-il un risque calculé… ou miserait-il sur un effet d’annonce dont les retombées, bonnes ou mauvaises, restent encore à mesurer ?
Source : Engadget




