Pourquoi OpenAI, géant de l’intelligence artificielle, a-t-il décidé d’ouvrir la porte d’Amazon Web Services (AWS) à ses derniers modèles de raisonnement, et qu’est-ce que cela va changer dans la féroce bataille du cloud et de l’IA ? Derrière cette annonce, qui semble toute simple pour le grand public, se cache en réalité un coup stratégique majeur qui pourrait rebattre les cartes pour Microsoft… et pour l’ensemble du secteur.
OpenAI vient d’annoncer que ses deux nouveaux modèles dits “open-weight”, aux performances comparables à ses modèles propriétaires o-series, seront désormais disponibles sur AWS via les services Bedrock et SageMaker. Comment interpréter cette inédite alliance ? Pour AWS, jusqu’ici surtout connu comme investisseur et hébergeur de Claude (Anthropic, rival direct d’OpenAI), ce partenariat offre l’accès aux modèles d’IA les plus prisés du moment. Mais pourquoi OpenAI a-t-il choisi d’étendre ainsi ses collaborations, alors que Microsoft restait jusque-là son principal partenaire cloud ?
Amazon avait déjà intégré d’autres modèles concurrents (DeepSeek, Meta, Mistral…) mais se retrouvait scruté par Wall Street sur ses retards supposés face à Microsoft dans le domaine de l’IA générative. Lors du dernier appel trimestriel, le PDG Andy Jassy peinait à masquer la pression des analystes, qui voyaient AWS “décrocher” dans la compétition GenAI. Cette intégration des modèles OpenAI vient-elle répondre à cette urgence stratégique, ou dissimule-t-elle une autre ambition cachée ?
Avec OpenAI disponible sur AWS, la guerre du cloud s’intensifie : qui pourra s’imposer comme le fournisseur incontournable d’IA ?
Face à une Microsoft qui garde malgré tout une place prépondérante comme cloud partenaire d’OpenAI (et optimise même les nouveaux modèles pour Windows), Amazon devait absolument se repositionner. Mais alors que les relations entre OpenAI et Microsoft sont tendues, certains y voient une manœuvre de Sam Altman pour diversifier ses alliances et renforcer son poids lors de futures négociations. D’autant plus qu’Oracle, autre acteur du cloud, aurait signé un contrat de 30 milliards de dollars par an avec OpenAI, accentuant la compétition entre géants de la donnée.
Quel intérêt concret OpenAI retire-t-il de cette ouverture ? Outre la possibilité d’accroître son rayonnement et d’accéder à de nouveaux clients entreprises via AWS, la société profite de la rivalité entre les mastodontes du cloud pour se ménager de nouvelles marges de négociation… et peut-être, à terme, bousculer l’hégémonie de Microsoft. N’est-ce pas aussi une façon, pour Altman, de damer le pion à Mark Zuckerberg (Meta), qui hésite publiquement à open-sourcer ses prochains modèles “superintelligents” ? OpenAI frappe fort en publiant ses propres modèles sous licence Apache 2.0, renforçant son image d’acteur ouvert… face à tous.
Pour les entreprises clientes d’AWS, l’accès direct aux technologies OpenAI via Bedrock et SageMaker promet de démocratiser encore davantage l’usage avancé de l’IA dans leurs applications. Mais l’initiative est-elle suffisante pour inverser la dynamique de croissance qui semblait, justement, pencher en faveur de Microsoft et Google ? Par ce partenariat d’envergure, Amazon espère-t-il retrouver la confiance des analystes et des investisseurs ?
À l’heure où alliances et rivalités entre géants de la tech font la pluie et le beau temps sur le marché de l’intelligence artificielle, une question demeure : cette stratégie d’ouverture, orchestrée par Sam Altman, sera-t-elle le début d’un nouvel équilibre des forces dans la guerre du cloud ?
Source : Techcrunch




