Google est-il en train de transformer notre façon de consommer l’actualité, ou bien de nous enfermer dans une bulle personnalisée? C’est la question qui se pose avec le déploiement, aux États-Unis et en Inde, de sa nouvelle fonctionnalité “Preferred Sources”. Le moteur de recherche mise désormais sur le choix de l’utilisateur, mais derrière cette innovation se cachent de nombreux enjeux.
Tout commence par une petite étoile qui apparaît à côté de la section “Top Stories” lors d’une recherche. Une icône insignifiante, mais au potentiel majeur : en cliquant dessus, chaque internaute peut ajouter manuellement ses sites et blogs d’information préférés. Mais pourquoi Google a-t-il décidé de passer d’un algorithme universel à une sélection sur mesure? Est-ce vraiment dans l’intérêt du public, ou plutôt pour renforcer l’engagement sur sa plateforme?
La mécanique est simple : une fois les sources choisies, il suffit d’actualiser la page pour voir émerger davantage d’articles issus de ses favoris. Parfois, une nouvelle section “From your sources” s’invite même juste sous les actualités principales, renforçant la personnalisation. Si cette option séduit par sa promesse de sur-mesure, ne risque-t-elle pas aussi d’écarter, voire de censurer, les opinions alternatives et d’autres pans de l’actualité? Où s’arrête la liberté de choix, et où commence le repli informationnel?
Google redéfinit la relation entre l’utilisateur et l’information, mais les garde-fous sont-ils suffisants pour éviter la désinformation et l’entre-soi idéologique?
Il faut rappeler que “Preferred Sources” était au préalable une simple expérimentation réservée aux curieux volontaires via Search Labs. Selon Google, lors de cette phase pilote, plus de la moitié des participants ont sélectionné au moins quatre sources favorites. Est-ce le signe d’une réelle attente pour une information filtrée, ou plutôt le reflet d’une fatigue face à la diversité d’opinions et à la prolifération du contenu en ligne?
Désormais ouvert à tous les utilisateurs anglophones aux États-Unis et en Inde, ce nouvel outil soulève d’importantes interrogations en matière d’éthique journalistique et de responsabilité des plateformes. Va-t-on assister à l’avènement de “bulles d’information” renforcées, où chacun se satisfait de ses certitudes, ou bien ce système permettra-t-il de redonner du pouvoir aux lecteurs face à la surabondance d’informations?
En pleine ère de l’hyper-personnalisation, Google prend aussi le risque d’exclure involontairement certaines voix minoritaires, rendant leur accès encore plus difficile. Qui sera donc responsable si l’engagement croissant se fait au détriment de l’ouverture d’esprit et du débat démocratique?
À l’heure où la confiance envers les médias vacille, ce tournant dans la recherche d’information questionne : l’utilisateur est-il le mieux placé pour décider de la véracité d’une actualité, ou la diversité des sources est-elle le dernier rempart contre les biais quotidiens?
Source : Techcrunch




