L’innovation en mode fast-food : sommes-nous rassasiés ou juste agités ?

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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L’innovation en mode fast-food : sommes-nous rassasiés ou juste agités ?

Bienvenue dans l’ère du tout, tout de suite, où chaque instant doit être productif, chaque requête personnalisée, chaque service livré plus vite que notre capacité à vider notre boîte mail. De la disparition de Microsoft Lens à la surenchère du dollar symbolique des IA américaines, ce qui semble lier l’ensemble de l’actualité tech du jour, c’est moins la volonté de révolutionner nos usages que notre acharnement à chasser l’attente… et à organiser le chaos. Mais sous les promesses de rapidité, de personnalisation et d’optimisation, faut-il voir les prémices d’un nouveau rapport au monde, ou juste l’éternel retour des mêmes mirages numériques reconditionnés à la sauce IA ?

La guerre de la productivité s’invite d’abord dans nos boîtes de réception saturées, là où Ocean promet de réinventer l’Inbox Zero sans jamais remettre en cause le flux, uniquement sa gestion. En réalité, qui y gagne ? L’utilisateur qui nage dans des dossiers mieux rangés, ou le logiciel qui capitalise sur nos angoisses organisationnelles ? Quand Microsoft Lens tire sa révérence avec l’élégance d’un outil “qui faisait bien une chose simple”, remplacé par des chatbots tout-puissants qui font tout, mal et pour plus cher, c’est encore la simplicité qui disparaît au profit de la couche de complexité supplémentaire. Tout, ici, se paie : un abonnement, une promesse, parfois juste une illusion d’ordre.

Personnalisation contre universalité ? L’écosystème informationnel se privatise sous nos yeux, Google marchandant notre attention à coups d’astérisques et de favorites triées sur le volet (“Preferred Sources”), nous entraînant dans des bulles toujours plus hermétiques pour notre bien. Siri, lui, rêve d’être ce majordome digital, mais il attend toujours son heure de gloire, victime d’un bal à la voix-télécommande qui tarde à démarrer. Tout est customisé, tout doit être “fluidifié” : plus besoin de scanner machin, l’IA le fait ; plus besoin de réfléchir, Ocean priorise, Claude résume… Au point que la technologie ne fait plus le tri entre action pertinente et agitation feinte.

L’innovation éphémère donne l’illusion de faire gagner du temps, mais elle fait perdre le fil.

Et pendant que la Silicon Valley s’épuise à façonner nos interfaces, d’autres continents réinventent le quotidien, mais dans une logique inverse. En Inde, la startup Truemeds fait le pari du slow–low cost sur la santé, prouvant que le progrès n’est pas toujours dans la vitesse, mais dans l’accessibilité. Ailleurs, la livraison express des services à domicile (Pronto) va jusqu’à transformer l’économie du temps libre en spectacle d’optimisation algorithmique. Et sous le vernis technologique, le même old game se rejoue : celui où la machine promet d’amplifier l’humain, mais se nourrit surtout des failles de ses vieilles habitudes ou de ses peurs du lendemain.

La technologie moderne ressemble étrangement à la Lune qu’on ne regarde plus vraiment : ses cycles nous hypnotisent, ses phases nous rassurent, mais qui comprend encore, parmi les utilisateurs, la mécanique subtile qui gouverne ce ballet ? Entre l’IA à 1 dollar pour décisionnaires pressés, les app stores en siège permanent (Epic contre Apple/Google), et Nvidia, qui code déjà le futur dans des laboratoires à la Frankenstein (la GPUnièse des robots), la vraie question demeure : tente-t-on de maîtriser le chaos du quotidien numérique ou s’abandonne-t-on joyeusement à de nouvelles marées, tout aussi imprévisibles… mais boostées à la dopamine artificielle ? Le progrès n’est jamais là où on l’attend, et si on prenait juste le temps de lever les yeux du smartphone – et sur la Lune – avant d’ajouter une application à notre caverne connectée ?

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