Ce soir, tandis que la Lune fait profil bas et nous laisse seuls face à la nuit, c’est la technologie qui s’offre le luxe d’être « pleine » de promesses, d’ombres et de lumières. Si la Lune danse dans l’obscurité, que dire du bal quotidien de nos innovations, toutes plus impatientes de briller avant de retourner dans l’anonymat du cycle suivant ? Que l’on scrute le ciel pour une super pleine lune ou pour un pick-up à 30 000$, il y a toujours un spectacle : il suffit de choisir la bonne lunette. Et, parfois, d’avoir le mode d’emploi du télescope.
Car dans l’usine Ford, c’est aussi la nuit des temps, mais version électrique. Investissements pharaoniques pour du pick-up automatisé qui rêve d’être le Grand Canyon des routes américaines. Paradoxe moderne : plus on automatise, plus l’avenir semble imprévisible – demande hésitante, usine impossible à reconfigurer, et start-ups qui s’évaporent comme des phases lunaires ratées. À croire que la mobilité high-tech, comme notre satellite, joue à cache-cache… mais le « wow effect » n’est pas garanti, surtout quand votre réservation Turo finit en croissant décroissant d’espérance.
Ce jeu d’ombres traverse aussi la jungle linguistique, où Duolingo laisse croire à la magie de l’IA, entre piñatas virtuelles et frAIdays expérimentaux. Sous les plumes verdiâtres de sa mascotte, on cache des équipes mouvantes, on jure qu’aucun traducteur humain n’a été sacrifié – du moins pas officiellement. Comme la Lune, l’IA dans l’apprentissage linguistique offre une face bien exposée mais garde son orbite distante face à l’humanité : embauches, licenciements, rien n’est jamais vraiment visible à l’œil nu.
Quand le progrès promet la lumière, c’est souvent l’art de noyer l’essentiel dans une nouvelle obscurité algorithmique.
En matière de virtuel, les illusions ne s’arrêtent pas là. Que l’on parle de Match.com et ses robots-tendres, ou de Waymo qui finit (enfin !) par intégrer Spotify dans ses robotaxis, il y a toujours cette même course à la personnalisation qui finit en standardisation. La révolution ? Une playlist dans un véhicule autonome ou un bouton « cancel » qu’on ose enfin afficher. La technologie se nourrit sans cesse de sa propre complexité, oubliant que la vraie disruption, c’est d’écouter vraiment ce que l’utilisateur – ou l’amoureux – attend.
Finalement, la technologie, fascinante Lune généralisée de notre ère, se plaît à orchestrer les mêmes cycles d’euphorie et d’invisibilité. Que l’algorithme vous fasse matcher avec un robot, qu’une IA vous corrige votre chinois du dimanche ou qu’un supercalculateur prenne sa retraite, tout n’est qu’alternance entre lumière tapageuse et absence furtive. Alors, la prochaine fois que vous chercherez du neuf entre deux gadgets, souvenez-vous : dans la grande nuit technologique, il y a toujours une phase suivante… et c’est souvent la même.




