Dans un monde où l’IA s’invite toujours plus dans notre quotidien, une question intrigue : peut-on vraiment développer un “cerveau robotique” universel, capable d’évoluer avec agilité et sécurité dans des environnements variés ?
C’est par cette ambition que la start-up californienne FieldAI vient de frapper fort en levant la somme vertigineuse de 405 millions de dollars, réunissant des investisseurs aussi imposants que Bezos Expeditions, Prysm, Temasek ou encore Intel Capital. Pourquoi ce déferlement d’argent sur une technologie encore jeune ? Qu’est-ce qui, chez FieldAI, fascine autant les pontes de la tech et du capital-risque ?
La promesse de FieldAI, c’est de bâtir une intelligence physique — une “embodied AI” — capable non seulement de diriger des robots humanoïdes, quadrupèdes ou même des véhicules autonomes, mais surtout de les rendre adaptables et sûrs dans des espaces imprévus. Où se situe réellement la rupture, alors que la plupart des modèles d’IA traditionnels s’essoufflent dès qu’on sort du laboratoire ?
La robotique rêve d’un cerveau universel : mais la sécurité et l’adaptabilité suffiront-elles à convaincre et protéger dans le monde réel ?
Ali Agha, le fondateur de FieldAI, ancien de la NASA et du MIT, insiste : il manquait un ingrédient jusqu’ici, le “socle physique”. En d’autres termes, insuffler à l’IA des lois de la physique pour que les robots anticipent risques et dangers, et avouent même leur incertitude avant de se lancer dans une action risquée. Cette transparence dans la prise de décision, où le robot affiche à la fois sa confiance et son seuil de tolérance au risque — défini par le client — c’est le grand pari du projet. Mais une IA capable de douter, est-ce vraiment la clé pour éviter catastrophes et “hallucinations” robotiques au milieu d’humains ?
FieldAI s’attaque déjà à des secteurs sensibles (construction, énergie, livraison urbaine), mais dans un flou relatif sur ses clients, sans doute pour protéger ses premières expérimentations industrielles. Peut-on extrapoler l’efficacité de ces “Field Foundation Models” à grande échelle, alors que ni leurs partenaires ni leurs résultats précis ne sont dévoilés ?
Cette course à l’industrialisation immédiate de l’IA embarquée s’accompagne d’investissements colossaux en R&D — mais à quand la bascule du prototype à la norme mondiale ? L’ambition affichée de FieldAI, selon Agha, n’est pas de se concentrer sur un seul domaine vertical, mais de viser une adaptabilité aussi large que celle du cerveau humain… Y a-t-il réellement marché pour une telle universalité robotique, ou l’hyper-spécialisation des IA restera-t-elle la règle ?
Alors que la technologie franchit un nouveau cap — à l’intersection de l’intelligence généralisée, de la sécurité automatisée et de la modularité robotique — une interrogation fondamentale demeure : sommes-nous prêts, en société, à confier les commandes à un “cerveau” artificiel aussi universel et décisionnaire ?
Et si, derrière la promesse d’un robot qui réfléchit, doute et apprend comme nous, se cachait une question vertigineuse : peut-on vraiment encadrer et anticiper tous les risques d’une intelligence incarnée dans nos machines ?
Source : Techcrunch




