Une bataille silencieuse se joue-t-elle dans les coulisses de la Silicon Valley autour du contrôle de l’intelligence artificielle ? La récente plainte d’Elon Musk contre OpenAI, où Meta se trouve à présent entraînée malgré elle, soulève bien des questions. Pourquoi OpenAI cherche-t-il à contraindre Meta à fournir des preuves concernant d’éventuelles tractations avec Musk et sa société xAI ? Derrière ce bras de fer judiciaire, quel jeu d’alliances et de rivalités façonne le futur de l’IA mondiale ?
La saga a de quoi intriguer. Au cœur du dossier : une demande de preuve déposée par OpenAI devant la justice, exigeant que Meta produise tout document en lien avec un projet coordonné—réel ou supposé—d’acquisition ou d’investissement dans OpenAI par Musk et xAI. Cette requête s’appuie sur la découverte d’échanges entre Musk et Zuckerberg entourant « des arrangements financiers ou des plans d’investissement ». Les avocats de Meta, eux, s’opposent vigoureusement à cette assignation, arguant que ni Meta ni Zuckerberg n’ont jamais souscrit à la lettre d’intention de Musk visant à racheter OpenAI pour la modique somme de 97 milliards de dollars.
Le scepticisme grandit : les documents existent-ils vraiment, ou OpenAI cherche-t-il à brouiller les pistes en attisant la méfiance entre mastodontes de la tech ? Si l’on ignore la profondeur de discussions entre Musk et Zuckerberg, un fait demeure : le ChatGPT-maker campe sur ses positions et refuse pour l’instant tout rapprochement avec le patron de Tesla et xAI, dont les coups d’éclat répétés visent aussi à perturber la transformation d’OpenAI en société d’utilité publique lucrative—une étape décisive en vue d’une introduction en bourse.
En plein duel judiciaire et ambitions rivales, la frontière entre affrontement et partenariat dans l’IA devient floue.
Mais que cache vraiment cette agitation autour d’OpenAI ? Meta, ex-Facebook, n’a rien d’un simple spectateur. En parallèle du tumulte judiciaire, le groupe multiplie les investissements pour rattraper son retard sur le terrain stratégique de l’IA générative : embauche de chercheurs vedettes d’OpenAI—dont Shengjia Zhao, co-créateur de ChatGPT désormais chef du Meta Superintelligence Labs—, acquisition de talents, financement massif à hauteur de 14 milliards dans Scale AI, et, selon certaines sources, tentatives de rachat de laboratoires concurrents. Meta, obsédée par le désir de surpasser GPT-4, s’agace néanmoins de voir ses modèles IA relégués derrière les standards du secteur, au grand dam de Zuckerberg lui-même.
Musk et Zuckerberg, légendaires rivaux, sont-ils prêts à faire cause commune pour coiffer au poteau le leader OpenAI ? Peut-on vraiment croire à une coalition durable entre ces deux visionnaires que tout oppose, à l’exception d’une ambition dévorante de dominer l’intelligence artificielle ? Le simple fait d’imaginer un tel tandem remet en perspective l’inquiétude que suscite la montée d’OpenAI, pourtant fondée sur des principes d’ouverture radicalement différents des géants traditionnels de la tech.
Sur le plan juridique, le débat prend une autre tournure : Meta demande au tribunal de rejeter la demande d’OpenAI, estimant qu’elle n’a ni la légitimité ni la nécessité de s’immiscer dans ses discussions internes sur l’avenir d’OpenAI ou ses propres enjeux stratégiques. Elon Musk, quant à lui, tente de freiner la « recapitalisation » d’OpenAI qu’il considère contraire à la mission initiale de la start-up qu’il a cofondée, tandis que l’entreprise poursuit inexorablement sa route vers le marché public.
À force de stratégies croisées, de coups de communication, de recrutements façon mercato et de contentieux hypermédiatisés, la guerre de l’IA s’étend désormais aux prétoires autant qu’aux laboratoires. La prochaine étape de cette bataille sera-t-elle dictée par les tribunaux ou par de nouveaux coups d’éclat industriels ? Et surtout, qui osera prendre le plus grand risque pour imposer sa vision de l’avenir de l’intelligence artificielle ?
Source : Techcrunch




