L’Europe et la lune : quand technologie et progrès montrent toujours la même face

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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L’Europe et la lune : quand technologie et progrès montrent toujours la même face

Ce matin, la technologie nous donne une leçon de relativité : tout, dans ce monde numérique, change de visage aussi vite que la lune elle-même (Pourquoi la lune change-t-elle de visage chaque nuit ?). Un instant, le croissant s’étire dans le ciel, l’instant d’après, votre application favorite promet, elle aussi, de s’ouvrir à l’universel… avant de révéler, sous un nouvel angle, la même vieille face : exclusions géographiques, frontières linguistiques et dépendance à la régulation européenne. Le cycle des phases lunaires a trouvé son écho dans le cycle éternel du “bientôt disponible” côté technologie : poétique, frustrant et parfaitement prévisible.

Tout comme la lune ne montre qu’un seul visage à la Terre, la communication humaine rêve d’être universelle, sans jamais réussir à fondre ses ombres et ses lumières. Google s’essaye à l’universalité avec NotebookLM, cette promesse d’égal accès au savoir en 80 langues. Pendant que la NASA explique, pleine de lyrisme, la répétition immuable des phases lunaires, la firme de Mountain View orchestre ses propres cycles technologiques : soutien apparent à la diversité linguistique, puis soudain retard ou exclusion pour mieux “maîtriser la technologie”. Cosmologie de la traduction instantanée, ou simple alignement marketing sur les forces, invisibles mais bien présentes, du marché… la question reste entière. À croire que l’intelligence artificielle préfère la pleine lune de la Silicon Valley à la nuit noire des réglementations européennes.

Du rêve d’un langage universel à la réalité mercantile, il y a toujours ce cap de la monétisation à franchir — un cap que les artistes naviguent avec la grâce d’un cratère dans la mer de la précarité numérique. Les lamentations de Wyclef Jean et l’offensive d’OpenWav (La technologie peut-elle enfin sauver les artistes de la précarité numérique ?) impriment au paysage numérique une texture granuleuse, où chaque innovation cache le même refrain : “Vos fans sont des données, vos données sont notre richesse”. Mais, cette fois, l’intelligence artificielle promet l’inversion du flux — du grand distributeur vers le créateur, du streaming vers la fanbase, de la lumière froide des algorithmes vers la chaleur d’un vrai public. Reste à voir si OpenWav saura faire écho à ces cycles, ou si la prochaine pleine lune nous trouvera toutes et tous, artistes compris, toujours sur le seuil d’un nouvel eldorado numérique.

Sous l’éclairage glacé de l’innovation, c’est toujours la même face, obsédante, du pouvoir qui joue la partition principale.

Et pendant qu’on nous vend la traduction instantanée, Apple, elle, préfère la procrastination instantanée (Pomme de Discorde : Quand la traduction d’Apple se fait attendre). Oui, la brillante Europe et sa DMA imposent encore quelques ombres sur le croissant technologique. Nous voilà donc, AirPods bien vissés, à attendre que les législateurs et les ingénieurs alignent leurs phases et leurs marées. Traduire ou ne pas traduire ? Les nouveaux AirProcrastinateurs sont là pour nous rappeler qu’entre l’intention cosmique et l’expérience utilisateur, il suffit parfois d’un simple détail réglementaire pour transformer la lumière en pénombre. Ce n’est pas la technologie qui manque, c’est l’appétit de compromis entre innovation, éthique et souveraineté.

Entre cycles célestes et cycles de hype, la technologie n’éclaire jamais totalement la nuit humaine : elle ne fait qu’en révéler de nouveaux reliefs, d’autres cratères, de fraîches pénombres. Et l’on se surprend à reconnaître, dans le balancement de la lune comme dans celui de la prochaine fonctionnalité repoussée, la même lancinante fascination pour l’inaccessible — et cette volonté, irrépressible, de voir sous un jour nouveau ce que nous croyions déjà connaître. Après tout, que seraient nos nuits sans ces jeux d’ombres, et nos jours sans la poésie de l’attente ?

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