Comment Google Cloud arrive-t-il à séduire les pépites montantes de l’intelligence artificielle, alors que le cloud de Google semblait jusqu’ici jouer les seconds rôles derrière AWS et Microsoft Azure ? Pourquoi des startups dynamiques comme Lovable et Windsurf font-elles désormais confiance à la firme de Mountain View ? Faut-il y voir un simple effet de mode ou le début d’un véritable basculement sur le marché ultra-concurrentiel du cloud ?
Au-delà de l’annonce officielle de Google Cloud, qui s’est réjoui d’accueillir Lovable et Windsurf parmi ses clients, il s’agit d’un signal fort. Ces jeunes entreprises de la tech qui misent tout sur l’IA n’ont rien d’anodin : Lovable, qui est devenue une licorne à une vitesse impressionnante (série A à 200 millions de dollars en 8 mois), et Windsurf, récemment absorbée par le très observé Cognition, sont considérées comme les prochaines locomotives de l’IA générative. Mais pourquoi choisir Google plutôt que les mastodontes du secteur ?
Le cloud de Google, longtemps resté dans l’ombre de ses concurrents, entre-t-il dans une nouvelle ère ? Si l’on observe les chiffres, la dynamique s’accélère : l’entité a généré plus de 43 milliards de dollars en 2024 et prévoit d’atteindre 58 milliards d’ici deux ans selon Thomas Kurian, patron de Google Cloud. Le principal moteur ? Les projets IA, qui représentent désormais une part majeure de ses nouveaux clients et dont neuf des dix laboratoires leaders mondiaux, ainsi que 60 % des startups IA génératives, utilisent déjà les infrastructures de Google.
Le pari de Google sur la nouvelle génération d’acteurs IA est-il en passe de redistribuer les cartes du cloud mondial ?
Ce choix stratégique d’accompagner les jeunes pousses ultradynamiques est-il seulement lié à des avantages financiers ? Certes, Google déroule le tapis rouge : 350 000 dollars de crédits cloud, accès privilégié à des GPU Nvidia pour les startups issues de Y Combinator, intégrations facilitées avec la famille d’IA Gemini… Mais est-ce suffisant pour fidéliser sur le long terme, alors que ni Lovable ni Windsurf n’ont signé d’accord d’exclusivité ? L’opportunisme des startups, qui multiplient les fournisseurs pour maximiser les bonus, ne pose-t-il pas question sur la pérennité du modèle ?
Du côté des jeunes entreprises, les réponses restent évasives voire absentes. Jeff Wang, PDG de Windsurf, concède travailler avec plusieurs acteurs du cloud et reconnaît que déterminer le partenaire principal relève presque du casse-tête ; Lovable, de son côté, s’est abstenu de tout commentaire. Serait-ce la preuve d’une stratégie de “testing” perpétuel où l’intérêt prime sur l’engagement, ou un moyen de conserver une certaine indépendance ?
Pourtant, la course à l’innovation impose un coût colossal : entraîner et déployer des IA nécessite des ressources de calcul massives… et donc le soutien sans faille (et les facilités tarifaires) des géants du cloud. Cette équation, Google l’a bien comprise : en pariant massivement sur l’IA, la firme parie aussi sur un marché qui devrait dépasser les 400 milliards de dollars dès 2025, en croissance annuelle de 20 %. Mais alors, l’avenir des relations entre Google et cette nouvelle vague de startups s’écrira-t-il sur la durée ou s’agit-il d’un simple alignement temporaire d’intérêts ?
Au final, alors que Google multiplie les annonces – plus de 40 nouvelles startups IA embarquées lors de son AI Builder’s Forum, des clients à la pointe comme Factory AI ou Krea AI – la question demeure : Google Cloud peut-il vraiment devenir l’acteur incontournable de l’écosystème IA, ou n’est-ce qu’une étape transitoire dans une guerre de positions constante ?
Source : Techcrunch




