Spotify veut-il vraiment devenir un réseau social à part entière ? Depuis toujours, la plateforme musicale est le lieu où l’on partage des moments mais, jusqu’à présent, échanger sur une chanson ou un podcast relevait du bricolage entre applications. Pourquoi cette nouvelle fonctionnalité de messagerie fait-elle autant parler d’elle et que change-t-elle réellement pour les millions d’utilisateurs ?
Jusqu’alors, partager ses coups de cœur Spotify signifiait envoyer un lien via une appli externe, sans suivi, sans revoir l’historique – et sans véritable interaction sociale dans l’écosystème de l’application. Aujourd’hui, le géant suédois promet une expérience enrichie : messages privés, conversation à l’abri des regards, historique des partages sauvegardé. Mais cette intégration arrive-t-elle trop tard dans la course à la sociabilité numérique, ou au contraire, marque-t-elle un tournant stratégique ?
À son lancement, la messagerie Spotify s’adresse uniquement aux gens avec lesquels vous avez déjà un lien sur la plateforme : playlist collaborative, Blend, Jam, ou abonnement familial et Duo. Difficile donc de voir en ce “chat” un nouvel espace de rencontres spontanées. Faut-il y voir une volonté de protéger l’intimité des échanges, ou simplement une stratégie pour conserver ses utilisateurs sur l’application le plus longtemps possible ?
Avec sa messagerie intégrée, Spotify cherche à rapprocher ses membres tout en conservant un contrôle total sur l’expérience et la sécurité.
Pour ajouter quelqu’un en dehors de l’application, il faudra passer par une demande d’approbation suite à l’ouverture d’un lien Spotify reçu via d’autres plateformes sociales. Un compromis entre ouverture et prudence, mais qui interroge sur la réelle volonté du service à créer du lien… À terme, l’on pourra réagir par emoji, naviguer facilement dans l’historique des conversations, mais attention : Spotify surveille les échanges pour éviter les abus, sans chiffrement de bout en bout, tout en promettant une modération proactive.
La question de la vie privée n’est pas anodine : la surveillance des conversations par Spotify risque-t-elle d’en refroidir certains alors que la confiance dans les messageries est fragile ? Les utilisateurs auront tout de même la possibilité de signaler les abus ou de désactiver la fonction dans les paramètres.
Cette incursion sociale s’inscrit dans une stratégie plus large. Après des années à se contenter de fonctions sociales basiques (suivi d’amis, affichage du flux d’écoute), Spotify a introduit les commentaires sur les podcasts, et une expérience mobile annoncée comme “bien plus interactive” par Gustav Söderström, son responsable produits et technologies. La direction prise est-elle celle d’un réseau social musical de nouvelle génération ?
Mais la multiplication des options a-t-elle un coût ? Les critiques fusent déjà sur l’interface alourdie, jugée peu lisible par de nombreux internautes. Trop de fonctionnalités nuit-elle à l’essentiel : la découverte musicale ? La messagerie s’ajoute-t-elle à la surenchère ou répond-elle à un vrai besoin d’échange ?
Les semaines à venir seront révélatrices, alors que la messagerie débarque progressivement en Amérique latine et sud-américaine, avant de s’étendre aux États-Unis, Canada, Europe, Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande. Spotify peut-il transformer la façon dont on vit la musique connectée, ou finira-t-il par lasser ses mélomanes en cherchant à tout faire ?
Source : Techcrunch
