Le monde digital façonne-t-il la manière dont nous tissons des liens d’amitié aujourd’hui ? Alors que la solitude et l’isolement touchent particulièrement les jeunes adultes, Bumble s’oriente résolument vers ce nouveau terrain, relançant son application BFF pour répondre à ce besoin grandissant de se faire des amis. Mais cette valse des applications d’amitié est-elle une mode passagère ou la réponse à un vrai malaise social ?
Pourquoi Bumble choisit-il ce moment précis pour transformer sa plateforme BFF, longtemps axée sur les rencontres amoureuses, en véritable carrefour communautaire ? L’acquisition récente de Geneva, réseau centré sur les communautés et désormais intégré à la nouvelle BFF – alors même que Geneva s’apprête à disparaître – intrigue. Faut-il y voir une tentative désespérée de réinventer son modèle alors que les applications de rencontres classiques s’essoufflent, ou une vraie compréhension des évolutions sociales ?
Les membres actifs sur Geneva seront automatiquement transférés vers Bumble BFF, sans perdre leurs groupes ni leurs messages. Mais ce passage forcé sera-t-il bien perçu ? D’autant qu’en coulisses, la réalité financière pèse : Geneva n’a pas généré un sou depuis son rachat par Bumble, et la société même accuse une baisse de 7,6% de chiffre d’affaires en un an. Peut-on vraiment croire que l’esprit communautaire suffira à relancer la machine ?
Le pari de Bumble : l’amitié 2.0 peut-elle devenir le nouveau moteur de croissance des réseaux sociaux ?
Nouveauté de taille : Bumble parie désormais sur un onglet « Groupes », permettant à ses utilisateurs d’intégrer ou de créer des communautés allant de quelques amis à plusieurs milliers de membres. Fini, le simple swipe en tête-à-tête ; place à des salons de discussion, des calendriers d’événements et des plans entre nouveaux amis. Mais cette ouverture communautaire suffira-t-elle face à la concurrence florissante ? Les jeunes générations, elles, sont clairement demandeuses : selon Bumble, près de la moitié d’entre elles souhaitent élargir leur cercle social et recherchent des outils en ligne pour tisser des liens locaux.
Cette refonte s’inscrit dans un paysage de plus en plus concurrentiel, où l’émergence d’applications comme Clockout, Clyx, Les Amís, Timeleft ou encore 222, pousse les acteurs historiques à se réinventer. Bumble BFF tiendra-t-elle le choc ou risque-t-elle de se confondre dans la masse de ces nouvelles offres, parfois bien plus innovantes ?
L’ancienne directrice générale, Lidiane Jones, l’avait annoncé : Bumble misera sur les communautés pour sortir de la crise, voulant incarner un espace sûr et inclusif, centré sur des intérêts communs et des rencontres réelles. Cette stratégie, aussi ambitieuse soit-elle, suffira-t-elle à compenser la morosité des résultats et le déclin relatif d’attractivité des applis de dating classiques ?
Le nouvel onglet « Groupes » est déjà accessible, même si la fonctionnalité de découverte n’arrivera qu’en février 2026. Avec ce délai, la société prend le risque de laisser la porte ouverte aux concurrents, prêts à attirer ces jeunes en quête d’amitiés. Bumble saura-t-elle conquérir durablement le cœur de cette « génération connexion » ?
L’ère des rencontres en ligne arrive-t-elle à sa maturité en se réinventant autour de l’amitié, ou sommes-nous témoins d’une parenthèse éphémère ?
Source : Techcrunch




