Qu’est-ce qui se cache réellement derrière la transformation en profondeur d’OpenAI et la redéfinition de son alliance avec Microsoft ? L’univers de l’IA vit-il un changement de paradigme ou assistons-nous à une simple bataille de pouvoir ? OpenAI, le célèbre créateur de ChatGPT, a récemment annoncé, en collaboration avec Microsoft, son principal investisseur, une refonte majeure de leur partenariat, qui pourrait rebattre les cartes de la gouvernance de l’intelligence artificielle.
Mais que signifient concrètement ces annonces sur le passage d’OpenAI vers un statut de Public Benefit Corporation (PBC) ? Une telle conversion permettrait à la société de lever davantage de fonds, tout en envisageant une potentielle introduction en bourse. Les autorités californiennes et celles du Delaware ont cependant leur mot à dire. Quelles résistances pourraient-elles opposer à une entreprise qui pèse désormais plus de 100 milliards de dollars et dont la mainmise sur l’IA inquiète aussi bien les concurrents que les défenseurs d’une innovation éthique ?
La communication officielle insiste sur l’équilibre trouvé : le conseil d’administration non lucratif d’OpenAI garderait le contrôle de l’entité désormais lucrative, se taillant au passage une participation colossale dans la nouvelle structure. Néanmoins, cet accord, encore non contraignant juridiquement, n’est-il pas fragile par essence, susceptible d’évoluer au gré des intérêts et des négociations finales ? Les tensions passées entre Microsoft et OpenAI témoignent d’une fragilité inhérente à ces alliances, où chaque partenaire tente de maximiser sa propre influence sur une technologie qui redessine l’économie mondiale.
La transformation d’OpenAI en PBC pourrait bien bouleverser l’équilibre des forces dans l’IA mondiale, mais au profit de qui ?
Derrière cette mise en scène de coopération, d’autres batailles se dessinent. Microsoft s’assure un accès privilégié aux innovations d’OpenAI, tout en restant fournisseur principal de ses services cloud. Mais OpenAI a, de son côté, multiplié ces derniers mois les accords — notamment celui de 300 milliards de dollars avec Oracle et d’autres partenariats stratégiques. Est-ce le signe d’une volonté d’émancipation, voire d’une défiance croissante envers le géant de Redmond ? Entre alliances stratégiques, bras de fer avec d’autres puissances du secteur (comme SoftBank au Japon), la startup cherche-t-elle à préserver sa liberté ou à accroître sa valeur pour mieux négocier ?
Les escarmouches récentes, illustrées par la tentative avortée de rachat de Windsurf (dont finalement les cerveaux sont partis chez Google), révèlent l’intensité de la compétition. Les conflits de gouvernance, comme le limogeage puis le retour express de Sam Altman, montrent à quel point ce modèle hybride d’OpenAI reste instable. Au-delà des intérêts commerciaux, n’est-ce pas la mission d’OpenAI — développer une intelligence artificielle bénéfique pour l’humanité — qui risque de se diluer dans cette course effrénée au pouvoir et au capital ?
L’affaire prend évidemment une ampleur supplémentaire lorsque s’en mêlent de grands noms comme Elon Musk, qui a récemment tenté un rachat à près de 100 milliards de dollars et dont la plainte contre OpenAI met en cause l’abandon de sa mission non lucrative. L’enjeu dépasse le simple affrontement de milliardaires : les nouveaux statuts, l’ouverture du capital, et la gouvernance à géométrie variable inquiètent même certaines organisations à but non lucratif, qui reprochent à OpenAI d’avoir trahi sa cause première. Jusqu’où l’équilibre entre recherche, éthique et rentabilité peut-il tenir ?
À l’aube de cette nouvelle ère, OpenAI avance à marche forcée, tout en traînant de nombreux dossiers judiciaires et en affrontant les critiques de toutes parts. Faut-il y voir les symptômes d’un secteur en pleine mutation, ou la chronique annoncée d’une concentration inquiétante des pouvoirs sur l’IA ? Une chose est sûre : l’enjeu est colossal. Mais au final, l’IA profitera-t-elle réellement à l’humanité, ou deviendra-t-elle l’otage de nouveaux empires financiers aux ambitions démesurées ?
Source : Techcrunch



