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Peut-on encore croire au contrôle démocratique des logiciels espions comme Paragon en Italie ?

Jusqu’où peut aller la surveillance en Italie et qui décide qui doit être surveillé ? La révélation récente autour de Francesco Nicodemo, consultant politique ayant collaboré avec le Parti Démocrate et désormais victime avérée du puissant spyware Paragon, relance le débat sur l’usage, ou plutôt l’abus, de ces outils de surveillance numérique. Sommes-nous en présence d’une dérive, où le contrôle étatique déborde largement les justifications classiques de lutte contre le terrorisme ou le crime organisé ?

Pendant dix mois, Nicodemo s’est tu. Dans une publication Facebook, il affirme avoir voulu éviter de devenir l’instrument d’une quelconque récupération politique. Mais, visiblement lassé du silence, il brise l’omerta : « Pourquoi moi ? Pourquoi utiliser un outil aussi intrusif sur un simple citoyen ? » La question s’adresse-t-elle vraiment aux autorités ou à une opinion publique désormais habituée à ce que la technologie empiète sur la vie privée au nom du “bien commun” ?

L’affaire Nicodemo n’est pourtant qu’un chapitre supplémentaire d’un scandale qui s’amplifie. Après des journalistes, des militants, voire des dirigeants d’entreprise, c’est un consultant politique – loin des sphères du crime – qui rejoint la liste des ciblés. Faut-il s’inquiéter de cette extension ? D’autant que les avis divergent : si certains cas, comme celui de militants pour l’immigration, auraient bel et bien été menés dans le cadre légal par les services italiens, d’autres – dont celui de Nicodemo – demeurent enveloppés de zones d’ombre.

L’absence de transparence alimente la suspicion, menaçant la légitimité d’outils présentés comme réservés à l’extrême nécessité.

Le chercheur John Scott-Railton, du Citizen Lab, pointe un doigt accusateur sur le manque de clarté qui pèse autant sur Paragon – la société conceptrice du spyware, désormais adossée à l’américaine REDLattice – que sur le gouvernement italien. Qui endosse la responsabilité ? Pourquoi tant de silences ? La société Paragon, tout comme les représentants du gouvernement de Giorgia Meloni, semblent bien peu désireux de répondre aux sollicitations journalistiques. Est-ce la preuve d’une gêne croissante, ou simplement du mépris face à une opinion qui réclame des explications ?

La situation semble d’autant plus confuse que les institutions censées faire la lumière – comme la commission parlementaire COPASIR – n’ont pas apporté de réponses systématiques. En juin, elle n’a reconnu qu’une partie des victimes, excluant certains journalistes de son champ d’investigation. Un oubli ou une stratégie ? Et à cela s’ajoute le fait troublant que Paragon possède aussi des contrats aux États-Unis, où son logiciel est exploité par les services de l’immigration… Un problème international sur fond d’opacité persistante ?

Reste la question cruciale : qui décide, dans l’ombre, qui mérite d’être l’objet d’une telle surveillance ? Atteint-on un point de non-retour, où l’usage du spyware devient un outil politique, hors de tout vrai contrôle démocratique ? Tandis que la frontière entre sécurité et liberté individuelle s’effrite, il devient urgent de réclamer des comptes.

Alors, la société italienne, mais aussi toutes les démocraties utilisateurs de ces outils d’espionnage, pourront-elles encore fermer les yeux sur l’utilisation de technologies aussi invasives, quand la liste des « cibles » ne cesse de s’élargir en dehors des circuits criminels?

Source : Techcrunch

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