La solution à la crise énergétique des centres de données viendra-t-elle d’une simple boîte métallique baignée de soleil ? Alors que l’intelligence artificielle explose la demande mondiale d’électricité, qui aurait parié qu’un “container solaire” serait la clé pour fournir du courant 24h/24 à un coût record d’un centime par kilowatt-heure ? Dans une industrie dominée par les panneaux solaires photovoltaïques et les batteries lithium-ion, pourquoi revenir à une vieille technologie thermique remise au goût du jour par Exowatt ?
C’est Hannan Happi, cofondateur et PDG d’Exowatt, qui pose ces questions fondamentales au cœur de la révolution énergétique actuelle. Son entreprise promet de bouleverser l’équation des data centers avec des unités P3 ultra-simples, empilables à volonté, et utilisant le principe du “rocher chauffé dans une boîte”, une variante innovante du solaire thermique concentré. Mais à l’heure où d’autres parient sur des solutions high-tech, Exowatt mise sur la simplicité mais aussi sur la rapidité de déploiement industriel. Faut-il croire à ce retour aux fondamentaux, et à cette levée en masse de fonds (déjà 120 millions de dollars) dans un secteur aussi compétitif ?
Comment une technologie si sobre et presque rustique pourrait-elle rivaliser avec la domination des panneaux photovoltaïques et batteries, deux filières qui n’ont cessé de baisser leurs prix et de raffiner leurs procédés ? C’est le pari qu’assume Happi, convaincu que la modularité, l’effet d’échelle et la facilité d’installation vont créer un “effet d’apprentissage” industriel aussi puissant que celui qui a propulsé les panneaux solaires dans le monde entier. Le secret de la compétitivité d’Exowatt serait-il dans la simplicité de son architecture et dans la standardisation industrielle ?
Exowatt croit que l’industrialisation massive d’une technologie solaire concentrée repensée va défier les solutions conventionnelles de stockage d’énergie pour centres de données.
Mais quelles sont réellement les chances d’Exowatt face à la résistance historique de cette technologie ? Après tout, les précédents projets de solaire thermique “rocks in a box” ont rarement pu rivaliser avec le duo photovoltaïque-lithium, qui a surpris le monde par la rapidité de sa chute des coûts. Exowatt parie sur une production de millions d’unités par an pour atteindre son fameux coût plancher, affirme Happi, tout en reconnaissant que la formule ne sera pas gagnante partout : elle nécessite des terrains vastes et un ensoleillement maximal. Les nouvelles usines de cloud et d’IA, elles, peuvent-elles réellement se contenter d’une solution aussi régionale ?
Pour convaincre, Exowatt met aussi en avant une capacité de stockage thermique jusqu’à cinq jours, une simplicité de maintenance radicale, et une approche “brique par brique”, pour coller au plus près du boom des data centers dans les déserts énergétiques mondiaux. Les investisseurs, séduits par une croissance frénétique des précommandes (dix millions de modules déjà attendus), voient-ils une nouvelle ère industrielle s’ouvrir ? Ou assistons-nous à l’éternel retour du solaire thermique, condamné à rester marginal ?
Une chose est sûre : la bataille énergétique des serveurs de demain ne fait que commencer, et la carte de la simplicité pourrait bien redistribuer les rôles. Alors, à qui profitera cette révolution de la “boîte solaire” dans la guerre mondiale de l’IA et du cloud ?
Source : Techcrunch




