Jusqu’où OpenAI est-il prêt à aller pour dominer l’intelligence artificielle mondiale ? L’annonce d’un partenariat stratégique entre OpenAI et Broadcom, l’un des géants mondiaux du semi-conducteur, pose d’emblée la question de l’ampleur des ambitions technologiques de la start-up californienne. Acheter du matériel, oui, mais s’agit-il ici d’un simple acte d’approvisionnement ou d’une manœuvre visant à remodeler la chaîne mondiale de valeur de l’IA ?
Selon le communiqué publié lundi, OpenAI va déployer, entre 2026 et 2029, dix gigawatts de matériel d’accélération IA fourni par Broadcom dans ses data centers. Officiellement, il s’agit pour l’institut de recherche de « concevoir ses propres puces et systèmes », afin d’intégrer l’expertise durement acquise lors du développement de ses modèles IA directement au cœur du hardware. Mais la promesse de capacités décuplées soulève la question : OpenAI cherche-t-il à casser la dépendance aux fournisseurs classiques comme Nvidia et AMD, ou va-t-il transformer tout l’écosystème de la conception de puces IA ?
Le secret autour des montants attise les spéculations : si OpenAI reste muet, le Financial Times avance une fourchette vertigineuse – entre 350 et 500 milliards de dollars. Tout cela alors qu’OpenAI a déjà multiplié les accords pharaoniques ces dernières semaines : achat de 6 gigawatts de puces AMD pour « des dizaines de milliards », investissement de 100 milliards par Nvidia avec une promesse d’accès à dix gigawatts de leur matériel, sans compter une rumeur d’accord à 300 milliards de dollars avec Oracle concernant l’infrastructure cloud.
OpenAI multiplie les alliances et les investissements géants, au point de brouiller la frontière entre recherche, industrie et politique mondiale de l’IA.
Mais quel est réellement le jeu d’OpenAI ? Est-ce la course à l’armement la plus spectaculaire de l’ère moderne, ou une fuite en avant pour préserver un avantage technologique face à l’appétit gargantuesque de ses concurrents ? Les ramifications sont multiples : OpenAI tente-t-il d’influencer l’offre hardware mondiale en provoquant une inflation des prix et une concentration inédite du secteur ? Ou mise-t-il sur une optimisation IA/hardware qui rendra ses modèles inimitables, donc incontournables ?
Le mystère plane également sur la communication du groupe, qui laisse filtrer les chiffres sans jamais tout confirmer. Cet excès de discrétion vise-t-il à masquer une stratégie plus risquée qu’il n’y paraît ? TechCrunch – et plus largement, l’industrie – attendent des réponses, mais OpenAI ménage son suspense. Doit-on craindre que les géants de l’IA privés s’érigent en nouveaux maîtres de l’infrastructure mondiale, sans contrôle ni régulation ?
Pour l’instant, l’annonce n’est qu’un épisode d’une saga technologique qui ne fait sans doute que commencer. Mais à force d’accumuler les faits d’arme, OpenAI pourrait bien finir par redéfinir les contours de la puissance numérique – à la croisée de l’innovation, de l’argent et du pouvoir.
Face à tant d’investissements, de promesses et de rivalités cachées, une question demeure : jusqu’où s’étendront les ambitions matérielles d’OpenAI, et qui en gardera le contrôle ?
Source : Techcrunch




