Le monde de l’immobilier est-il sur le point de connaître une petite révolution silencieuse ? Qui n’a jamais lorgné la maison d’un voisin, rêvant de l’acheter « le jour où » — avant de voir un panneau « À vendre » surgir et la perle convoitée partir entre les mains d’un inconnu ? C’est précisément cette frustration qui retrouve un écho concret dans la démarche de Katie Hill et la naissance de sa startup Unlisted Homes. Mais que cachent réellement les ambitions de cette plateforme, qui se veut un « Zillow des maisons hors-marché » ?
Tout débute par une anecdote presque banale : une discussion impromptue avec le voisin, une déclaration spontanée (« si jamais tu vends, pense à moi ! »), et soudain, une porte s’ouvre. Voilà Hill négociant un droit de premier refus, le tout sans passer par les circuits traditionnels et leurs loteries anxiogènes. Ce scénario, elle l’a vécu. Mais combien d’autres aspirants acheteurs et vendeurs en puissance aimeraient-ils bénéficier de ce genre de deal préventif ?
De cette intuition est né Unlisted, une plateforme qui recense pas moins de 121 millions de propriétés, rendant possible l’expression d’intérêt pour un bien n’étant pas officiellement sur le marché. Chaque maison y possède son profil, et tout admirateur peut ainsi rejoindre une liste d’attente : le propriétaire reçoit alors une alerte, et la première interaction s’engage, avant même toute annonce publique. Alors, peut-on imaginer un marché immobilier parallèle, voire souterrain, où l’information circule sans passer par la case agence ?
Et si la vente de votre future maison se jouait désormais bien en amont du panneau « À vendre » ?
Les ambitions d’Unlisted ne s’arrêtent cependant pas à la simple mise en relation. Katie Hill précise que la plateforme ne souhaite pas concurrencer les agents immobiliers sur la transaction elle-même. À la place, la startup vend des espaces de visibilité aux professionnels locaux – agents, courtiers, artisans – et compte, à terme, mailler tout l’écosystème local de ressources pour propriétaires. Le pari ? S’inscrire dans la vie quotidienne de millions de futurs vendeurs ou acheteurs, et devenir le premier réflexe avant même de contacter une agence classique.
Cet essor s’appuie également sur des réseaux influents. Conseillée par Paul English (cofondateur de Kayak) et Bill O’Donnell (ex-architecte de Kayak), Hill a su séduire les investisseurs, réunissant près de 3,25 millions de dollars et s’ouvrant les portes d’une extension rapide, d’abord via le web, désormais sur iOS. Mais comment maintenir l’équilibre entre proximité locale, ambitions nationales et usages numériques ? Jusqu’où peut-on aller sans marcher sur les plates-bandes des acteurs historiques ?
En moins d’un an, Unlisted affirme avoir généré des listes d’attente pour un montant total de 4 milliards de dollars de transactions potentielles, soit 5 700 maisons déjà repérées, sans qu’aucune n’ait encore réellement changé de main par ce biais. Les chiffres impressionnent. Mais cela suffit-il à bouleverser les habitudes de tout un secteur, ou sommes-nous simplement à l’aube d’un mouvement de fond encore discret ?
Derrière les promesses – et les fortunes à faire sur ce marché gris – se cachent pourtant des chantiers réglementaires, humains, et éthiques : la transparence de l’information, le consentement des propriétaires, la place laissée aux agences classiques… Unlisted va-t-elle catalyser la désintermédiation de la vente immobilière ou s’arrêtera-t-elle aux portes d’un système solidement gardé ?
Alors, la prochaine maison de vos rêves sera-t-elle « réservée » avant même d’apparaître sur votre radar ?
Source : Techcrunch




