Qui aurait imaginé, il y a encore quelques années, qu’un simple nom d’utilisateur pourrait devenir une marchandise convoitée, échangée à prix d’or ? La récente décision de X (ex-Twitter) de lancer un véritable marché pour les handles inactifs soulève de nombreuses questions, aussi économiques qu’éthiques. Que cache cette nouvelle stratégie commerciale et à quel point bouleverse-t-elle l’équilibre des réseaux sociaux ?
Pourquoi X décide-t-il soudainement de donner une seconde vie aux usernames oubliés ? Est-ce une réponse désespérée à la baisse des revenus publicitaires ou bien une manœuvre maligne pour fidéliser sa clientèle Premium ? Sur son site, X promet un marché transparent où les abonnés Premium pourront demander ou acheter des handles dormants. Mais à quel prix ? Certains pseudos rares pourraient se vendre des milliers, voire des millions de dollars. Une inflation du numérique qui interroge : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour une identité virtuelle ?
Allons-nous assister à une ruée vers l’or des noms d’utilisateur, au risque d’aggraver la fracture entre internautes « ordinaires » et abonnés Premium+ ? X précise que les handles « Priority », souvent composés de noms complets ou de combinaisons uniques, sont désormais offerts gratuitement… mais seulement pour les abonnés Premium+ et Premium Business. Que se passe-t-il si l’on ne paie plus l’abonnement ? Le précieux handle est simplement repris après 30 jours. Où est la liberté numérique dans cet éphémère accès à l’identité virtuelle ?
La bataille pour l’identité numérique se joue désormais à coups de dollars et d’abonnements exclusifs, révolutionnant l’accès aux réseaux sociaux.
Et le citoyen lambda dans tout cela ? Les handles les plus prisés, dits « Rare » – courts, génériques, ou à forte valeur culturelle – sont encore plus inaccessibles. Fini les premières arrivées, premiers servis : il faudra désormais se plier à un système opaque de « drops publics » ou d’achats directs, uniquement sur invitation. Qui décide, et selon quels critères, qui sera l’heureux élu pour obtenir @Pizza, @Tom ou @One ? Est-ce au mérite, à la contribution sociale, ou à la hauteur du portefeuille ?
X assure vouloir combattre les bots et les fraudes en contrôlant minutieusement chaque demande. Mais l’exclusion de la majorité silencieuse et la mainmise des puissants ne risquent-elles pas d’alimenter un marché parallèle de la contrefaçon numérique ? Le processus d’attribution promet un examen détaillé en trois jours ouvrés, et la promesse que l’ancien handle reste réservé à son propriétaire en cas de transfert. Suffisant pour garantir l’équité ?
Dernière subtilité : tout utilisateur peut ajouter sur sa « Watchlist » un handle convoité, même s’il n’est pas encore disponible, et X promet une alerte si jamais le précieux sésame réapparaît dans le marché. Cette chasse numérique ajoute-t-elle une couche supplémentaire à la spéculation ou donne-t-elle une chance à chacun de rêver d’un pseudo d’exception ?
Finalement, ce nouveau marché est-il la promesse d’une identité numérique mieux répartie, ou la création d’une nouvelle aristocratie du web fondée sur le pouvoir d’achat et l’influence sociale ? Sommes-nous en train de troquer la liberté et la créativité originelles d’Internet contre un capitalisme des identités virtuelles ?
Source : Techcrunch



