Comment une startup peut-elle vraiment révolutionner l’art de la présentation professionnelle à l’ère de l’IA ? Alors que chaque grande entreprise rêve d’automatiser ses communications pour gagner en efficacité, peu de solutions semblent s’imposer comme incontournables. Pourtant, Prezent, jeune pousse de la Silicon Valley, attire l’attention avec une récente levée de fonds de 30 millions de dollars et une acquisition aussi stratégique qu’intrigante. S’agit-il d’un simple coup financier ou d’une réelle avancée pour le secteur ?
Le parcours de Prezent ne ressemble-t-il pas à celui d’autres startups ambitieuses ? En seulement quelques années, la société basée à Los Altos cumule plus de 74 millions de dollars d’investissements, pour atteindre une valorisation de 400 millions. Mais contrairement à la tendance actuelle où bon nombre de concurrents visent les particuliers ou les PME, Prezent s’entête à cibler les grandes entreprises, notamment dans la tech et les sciences de la vie. Pourquoi cette prise de risque ?
Son aval récent pour acquérir Prezentium suscite l’intérêt, voire la surprise : le fondateur Rajat Mishra était également cofondateur de Prezentium, bien qu’il n’y ait jamais exercé d’activités opérationnelles. Cette manœuvre de « réunion sous un même toit » permet-elle vraiment à Prezent de faire la différence et de renforcer son portefeuille client grâce à une niche déjà captée par Prezentium ? Ou n’est-elle qu’un jeu de chaise musicale entre dirigeants avertis ?
Intégrer l’IA dans l’expertise métier et dans la prestation de service: nouvelle norme ou simple opportunisme ?
Dans un marché déjà très disputé, où des acteurs comme Presentations.ai, Lica, Gamma ou Chronicle avancent tous avec Accel à leur capital, la promesse de Prezent se distingue par une ambition : placer un « ingénieur de la présentation » directement chez les clients entreprises. Peut-on vraiment croire que cette hybridation humain/machine, spécifique à chaque secteur, accélérera l’adoption de l’IA dans la communication d’entreprise ? Mishra affirme que l’IA seule n’apprend pas aux usagers à l’utiliser, d’où l’importance de ce coaching en interne. Mais combien de sociétés accepteront ce modèle sans freiner sur la confidentialité ou la résistance au changement ?
La tendance aux acquisitions dans le secteur de l’IA est-elle un gage de croissance réelle ou une réponse à la difficulté d’accéder rapidement à de nouveaux marchés ? Dans le sillage de Prezent, d’autres startups cherchent à greffer leur IA sur des sociétés de services bien implantées — comme D-ID dans la vidéo ou Lawhive pour le juridique. Est-ce là le seul moyen d’offrir une réponse personnalisée à des clients exigeants, quand chaque industrie réclame des outils qui comprennent ses codes et son jargon ?
Prezent ne cache pas son appétit : la prochaine étape serait de s’ouvrir à des cabinets de conseil en communication, des sociétés de rédaction médicale ou des coachs en prise de parole. Cette constellation de modules et d’expertises pourrait-elle rapidement transformer Prezent en un géant incontournable de la communication automatisée en entreprise ?
Dernier cheval de bataille : la personnalisation. Pour convaincre les grandes organisations, la startup californienne veut que son IA adapte le style rédactionnel à chaque collaborateur et devienne multimodale : texte, voix, vidéo, avatars digitaux comme dans les outils de Synthesia. Le pari est-il tenable ? Sera-t-il suffisant pour détourner les entreprises des agences traditionnelles, alors que les enjeux d’efficacité, de créativité et même de sécurité des données n’ont jamais été aussi critiques ?
À l’heure où chaque entreprise cherche le mix parfait entre automatisation et personnalisation, et face à la multiplication des outils qui promettent de révolutionner nos présentations, jusqu’où Prezent pourra-t-elle vraiment imposer sa vision ?
Source : Techcrunch




