Faut-il voir dans la nouvelle offensive de Rivian sur l’IA embarquée la promesse d’une révolution ou d’un simple gadget d’assistance vocale de plus dans nos véhicules électriques ? Quelles ambitions cache ce système qui, d’ici 2026, équipera toute la gamme du constructeur, y compris les modèles déjà en circulation ?
L’annonce frappante tombe comme un pavé dans la mare : Rivian prépare le lancement de son propre assistant IA, fruit de deux ans de développement, qui permettra aux conducteurs de contrôler la climatisation, divers paramètres du véhicule et d’interagir avec des applications tierces intégrées, dont Google Calendar en vedette. S’agit-il simplement d’un concurrent pour Siri ou Alexa, ou cette approche serait-elle en passe de redéfinir notre rapport aux voitures connectées ?
Le directeur du développement logiciel, Wassym Bensaid, affirme que l’un des atouts majeurs de leur assistant est « l’intégration d’agents tiers », véritable rupture dans la façon dont les apps seront connectées à bord. Mais au-delà du discours, quels bénéfices concrets pour l’utilisateur ? Peut-on vraiment miser sur cette plateforme pour simplifier ou enrichir la vie à bord ? Rivian promet une IA nourrie aux modèles avancés de Google, de Vertex AI à Gemini, nous garantissant un dialogue naturel et efficient. Mais qui, hormis quelques spécialistes, saura juger de la subtilité de ces conversations ?
Rivian mise sur une IA embarquée qui promet de transformer l’expérience digitale à bord de ses véhicules.
Derrière cette initiative se profile surtout la stratégie de verticalisation du CEO RJ Scaringe. La marque prend son destin technologique en main, construisant jusqu’à son propre processeur avec Arm et TSMC, tout en refondant l’architecture de ses véhicules – batterie, software, capteurs… Tout est repensé. À quoi ressemblera cette voiture, bourrée de capteurs et de logiques propriétaires, dans quelques années ? Les automobilistes seront-ils prêts à confier à une machine la gestion de leurs trajets, voire davantage ?
Une petite équipe, dont le nombre reste secret, peaufine l’assistant IA, présenté comme indifférent au modèle ou à la plateforme – la promesse d’une compatibilité universelle. Mais cette transparence très calibrée du constructeur ne pose-t-elle pas question ? Jusqu’où va vraiment la personnalisation, et que peut-on en attendre dans un univers automobile où chaque détail a un prix ?
La puissance de feu de l’assistant s’inscrit dans un ensemble baptisé Rivian Unified Intelligence (RUI), qui va bien au-delà du simple copilote vocal. RUI orchestre l’ensemble du système numérique interne, promettant aussi bien d’optimiser les diagnostics que d’assister les techniciens lors des maintenances grâce à des analyses télémétriques poussées. Est-ce l’indice d’une transformation profonde : la voiture deviendra-t-elle demain un ordinateur à quatre roues, piloté autant par des algorithmes que par ses conducteurs ?
Alors que la bataille du software fait rage dans l’industrie automobile, Rivian place ainsi ses pions pour façonner l’avenir numérique de l’automobile. Mais les usagers seront-ils prêts à céder encore un peu plus de leur autonomie à l’intelligence artificielle, fût-elle “made in Rivian” ?
Source : Techcrunch




