Les universités d’élite comme Stanford et le MIT sont-elles en train de perdre la confiance de la Silicon Valley qui les a tant célébrées ? Dans une série de messages privés révélés par le Washington Post, le célèbre investisseur Marc Andreessen ne cache pas son exaspération vis-à-vis du monde universitaire américain. Mais cette colère est-elle simple rancune personnelle ou symptôme d’une fracture plus profonde entre big tech et institutions académiques ?
Pourquoi Marc Andreessen, figure historique de la tech, s’attaque-t-il si frontalement à des établissements aussi réputés ? Selon les captures d’écran consultées par le Washington Post, Andreessen reproche ouvertement à Stanford et au MIT d’être devenus « principalement des opérations politiques qui entravent l’innovation américaine ». La critique ne s’arrête pas là : il affirme que Stanford aurait poussé sa propre femme vers la sortie du Center on Philanthropy and Civil Society, comprometant selon lui des dons futurs de plusieurs milliards de dollars. Doit-on y voir un avertissement calculé ou un grief personnel amplifié ?
L’ambiance de la discussion en question, où des scientifiques en intelligence artificielle conversaient avec des responsables liés à l’administration Trump, interroge aussi sur la politisation croissante du débat autour de la technologie. Andreessen n’hésite pas à soutenir que les universités auraient « déclaré la guerre à 70 % du pays » avant de cibler explicitement les politiques de diversité (DEI) et d’immigration, qu’il décrit comme deux formes de discrimination aussi dangereuses que « politiquement létales ». Faut-il s’inquiéter de cette radicalisation du discours chez les décideurs du numérique ?
L’offensive d’Andreessen contre le milieu universitaire révèle-t-elle une rupture durable entre la Silicon Valley et ses institutions formatrices ?
Rappelons qu’Andreessen, comme son associé Ben Horowitz chez Andreessen Horowitz, affichent ouvertement leur soutien à la campagne de Donald Trump pour un retour à la Maison Blanche. Que signifient ces alliances politiques pour l’avenir de la tech américaine ? Plusieurs proches d’Andreessen ont d’ailleurs trouvé récemment leur place dans l’administration Trump, signes d’une influence ramifiée. Peut-on considérer que la mouvance pro-Trump gagne progressivement la guerre culturelle au sein de l’écosystème tech ?
Le malaise s’étend-il à toute la Silicon Valley ? Pendant que TechCrunch attend encore une réaction officielle de la firme a16z (le célèbre fonds d’investissement d’Andreessen), un autre géant du capital-risque, Sequoia Capital, choisit le silence. Cela fait suite aux propos controversés de son associé Shaun Maguire, qui a publiquement qualifié un candidat démocrate de « menteur » issu d’une « culture qui ment ». Ce climat de défiance mutuelle entre leaders d’opinion inquiète-t-il l’ensemble du secteur ou ne s’agit-il que de quelques voix dissonantes ?
Entre accusations sur la diversité et l’immigration, menaces financières voilées et prise de position politique explicite, la fracture apparue entre les universités d’élite et certains acteurs puissants de la tech semble plus béante que jamais. S’agit-il d’un simple épisode polémique ou du signal de débuts d’une recomposition durable dans les alliances qui façonnent l’innovation américaine ?
En définitive, cette guerre froide entre campus et investisseurs deviendra-t-elle le nouveau théâtre des luttes idéologiques de la Silicon Valley ?
Source : Techcrunch




