Est-ce que la Silicon Valley est en train d’assister à une révolution discrète dans la manière d’investir ? Alors que les fonds de capital-risque traditionnels règnent depuis des décennies sur l’innovation, pourquoi Brian Singerman, ancien du Founders Fund, et Lee Linden, de Quiet Capital, choisissent-ils aujourd’hui une voie si radicalement différente avec leur nouveau projet, GPx ?
En effet, GPx s’apprête à lever plus de 500 millions de dollars, dont une part proviendrait de Peter Thiel, figure emblématique de la tech et cofondateur du Founders Fund. Mais en quoi leur stratégie diffère-t-elle vraiment du modèle classique ? Plutôt que d’injecter tout le capital directement dans des startups, GPx opte pour une approche hybride : environ 20% seront investis dans des fonds d’investisseurs émergents, spécialisés dans l’amorçage, tandis que le reste ira dans des tours de table plus avancés (notamment en Série B) co-pilotés avec ces mêmes partenaires. Qu’est-ce qui pousse ces deux vétérans du capital-risque à miser sur une formule mi-fonds de fonds, mi-co-investissement direct ?
La formule « fund-of-funds » reste rare dans la tech, surtout après une année morose où la levée de capitaux sur ce modèle a atteint son plus bas niveau en seize ans selon PitchBook. Les frais, souvent jugés trop lourds pour les investisseurs, constituent un frein majeur. Pourtant, Singerman et Linden jouent une autre carte : leur réseau ultra-sélectif et leur réputation sauraient-ils compenser ce double niveau de frais ?
GPx veut remodeler l’accès au capital-risque en jouant la carte de la diversification et du timing.
Il faut dire que la concentration du capital vers les très gros fonds pousse certains des meilleurs investisseurs à s’en échapper pour fonder leurs propres structures, plus agiles, plus spécialisées. Est-ce là le début d’un mouvement de fond où les « stars » du VC cherchent à s’émanciper des mastodontes du secteur ? GPx parie que ces nouveaux gestionnaires émergents seront plus aptes à repérer les pépites à fort potentiel, permettant ainsi à la firme d’intervenir stratégiquement lors de futures levées de fonds.
Comment GPx espère-t-il tirer parti de ce positionnement ? C’est simple : de nombreux investisseurs en amorçage ont du mal à préserver leur participation dans leurs meilleures pépites lors des levées de fonds plus tardives, faute de moyens financiers suffisants. Souvent, ils jonglent avec des véhicules d’investissement spéciaux dans l’urgence, manquant ainsi les meilleures opportunités. GPx, en se positionnant en amont, va-t-il permettre à ces petits fonds d’accéder aux tours de table majeurs qu’ils risquaient jusque-là de voir leur échapper ?
L’enjeu est aussi de taille pour les propres partenaires de GPx : ceux-ci auront désormais la possibilité de défendre leur place au sein des startups en forte croissance, et même de co-diriger des tours décisifs. Va-t-on assister à l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs capables de rivaliser avec les poids lourds de la tech grâce à cette alliance stratégique ?
Ni Singerman ni Linden n’ont accepté de s’exprimer sur le sujet, mais les bruits de couloir sont formels : la bataille du capital-risque se joue désormais autant sur le terrain du réseau que de la diversification stratégique. Reste une question essentielle pour tous les investisseurs et entrepreneurs : ce modèle hybride saura-t-il séduire durablement et redistribuer les cartes d’un secteur en quête de renouveau, ou s’agit-il simplement d’un pari risqué dans un marché en mutation ?
Source : Techcrunch




