Slack cherche-t-il à devenir indispensable dans l’ère de l’intelligence artificielle générative ? Ces derniers mois, la célèbre plateforme de messagerie collaborative ne cesse de déployer de nouveaux outils dopés à l’IA. Mais ces innovations sont-elles vraiment au service de la productivité, ou s’agit-il d’une course effrénée à la modernité pour séduire les entreprises face à la concurrence féroce de Google, Apple ou Microsoft ?
Intégrée désormais à Slack Canvas, l’assistance à la rédaction par IA promet de transformer notes brutes en comptes rendus, FAQs ou briefs élaborés à partir de simples commandes en langage naturel. Est-ce véritablement un bouleversement pour le travail en équipe, ou une version à peine améliorée de ce que Google Workspace et Apple Intelligence testent déjà ? Où s’arrête l’effet de mode, où commence la réelle utilité ?
Autre innovation, l’IA de Slack s’attaque à l’épineux problème du jargon interne : comprendra-t-on enfin tous ces acronymes obscurs et projets aux noms abscons qui pullulent dans les fils de discussion ? Avec le contexte instantané généré à la volée et les résumés automatiques de fils ou de canaux, la promesse de ne plus jamais décrocher existe-t-elle réellement ? Ou allons-nous vers une dépendance accrue à des explications algorithmiques qui pourraient finir par façonner, voire standardiser, nos pratiques de communication ?
Slack avance à marche forcée sur l’IA avec l’ambition de révolutionner la collaboration, mais à quel prix pour ses utilisateurs et leurs données ?
La question de la confidentialité des données refait évidemment surface. Slack le reconnaît à demi-mot : les données des conversations ont déjà servi à entraîner ses modèles d’IA, et sa maison mère Salesforce bloque désormais les accès à ces jeux de données pour ses concurrents. L’utilisateur peut-il faire confiance à ce nouvel écosystème alors qu’il devient impossible de distinguer l’automatisé de l’humain dans la gestion de l’information interne ?
L’arrivée prochaine d’outils comme la traduction automatisée ou la recherche d’entreprise tout-en-un — capable de fouiller Salesforce, Google Drive, Teams et autres — pourrait-elle faire de Slack le chef d’orchestre universel de l’information au bureau ? Ou risque-t-on d’enfermer les utilisateurs dans une bulle algorithmique, où la diversité des outils laisse place à l’uniformisation des échanges ?
Il ne faudrait cependant pas oublier la question du coût. Nombre de ces nouveautés réservées aux abonnés payants ne sont disponibles qu’aux niveaux de souscription premium, multipliant les inégalités d’accès à l’innovation. À qui profitent vraiment ces avancées ultra-rapides : aux équipes de terrain ou aux décideurs soucieux de rationaliser et de contrôler ?
Les technologies présentées par Slack, bien qu’impressionnantes, doivent-elles être accueillies sans réserve ? À l’heure où chaque éditeur cherche à imposer sa vision de l’IA collaborative, la pilule est-elle avalée un peu vite par des organisations en quête de simplicité, quitte à sacrifier diversité des outils, contrôle sur les données et, peut-être, spontanéité humaine ? Ce raz-de-marée de l’intelligence artificielle dans nos outils de travail va-t-il vraiment libérer la collaboration, ou la modeler à son image ?
Source : Engadget




