Quelle entreprise dans le monde a besoin de 30 milliards de dollars par an en services de centres de données ? Voilà la question qui a fait bruisser toute l’industrie technologique il y a quelques semaines. Derrière les chiffres vertigineux annoncés par Oracle, se cachait-il un acteur historique ou un nouveau géant de l’IA insatiable en puissance de calcul et en énergie ?
Le voile est désormais levé : c’est OpenAI, l’enfant prodige de l’intelligence artificielle, qui a signé ce contrat hors norme avec Oracle. Sam Altman, CEO d’OpenAI, a confirmé l’accord – sans en dévoiler le montant exact – sur les réseaux sociaux et dans un billet de blog, renvoyant aux spéculations qui ont récemment agité Wall Street et fait bondir l’action Oracle à un niveau historique. Comment une telle somme se justifie-t-elle pour une société dont les revenus annuels oscillent à peine à 10 milliards de dollars ?
Le chiffre peut sembler délirant : 30 milliards de dollars par an, c’est davantage que tout ce que Oracle a facturé à l’ensemble de ses clients en 2025 pour ses services cloud (24,5 milliards de dollars). La sidération était donc de mise lorsque ce contrat secret a été révélé, alimentant la rumeur sur ce mystérieux client. Quelles applications IA, quels usages, peuvent à ce point dévorer de la capacité de calcul et d’infrastructures ? Et surtout, pourquoi construire un data center littéralement aussi énergivore que deux barrages Hoover réunis, soit assez pour alimenter quatre millions de foyers ?
Une alliance gigantesque entre OpenAI et Oracle redéfinit la course à la puissance de calcul et aux infrastructures énergétiques mondiales.
L’explication tient en un nom : Stargate. Ce projet commun à OpenAI, Oracle et SoftBank (bien que ce contrat n’inclue pas SoftBank) représente 500 milliards de dollars investis dans la construction de centres de données, avec pour seul site initial Abilene, au Texas, et une capacité annoncée de 4,5 gigawatts. Oracle, qui a lui-même déboursé près de 50 milliards de dollars sur deux ans en investissements immobiliers et technologiques, parie gros sur le fait que la future ère de l’IA passera par son cloud. Mais la route s’annonce longue : le défi est aussi logistique que financier et environnemental.
Cette offensive n’est pas sans risque pour OpenAI. Si, selon Sam Altman, l’entreprise atteint à peine 10 milliards de dollars de revenus récurrents annuels, elle s’engage pourtant sur des dépenses qui dépassent déjà ce chiffre… et n’incluent même pas toutes ses infrastructures actuelles ou autres coûts. Faut-il y voir un pari insensé ou la nécessité de croître aussi vite que la demande pour l’intelligence artificielle ?
Dans cette course à la taille et à la puissance, un acteur comme Oracle pourra-t-il vraiment suivre l’appétit d’un leader IA comme OpenAI sans se heurter aux limites physiques, énergétiques ou économiques du monde réel ? Ou sommes-nous en train d’assister à une nouvelle bulle technologique, cette fois alimentée par des mégawatts et des milliards, où la promesse d’une intelligence omniprésente se heurte très vite à la réalité brute des usines à données ?
Une fois ces infrastructures titanesques construites, qu’en sera-t-il du bilan environnemental et, surtout, OpenAI saura-t-il rentabiliser un engagement aussi spectaculaire et risqué en n’étant, pour l’instant, qu’à la traîne de son propre business model ?
Si l’intelligence artificielle devient l’industrie la plus énergivore de l’histoire, sommes-nous vraiment prêts à en payer le prix collectif ?
Source : Techcrunch




