Quel est le véritable plan des États-Unis face à la concurrence mondiale dans le secteur de l’intelligence artificielle ? Derrière les annonces de l’administration Trump et les grandes lignes exposées dans l’AI Action Plan, ce document dévoile-t-il vraiment la stratégie américaine ou s’agit-il d’une succession de principes sans vraie feuille de route ?
Depuis que ce plan a été présenté, il est évident que les États-Unis cherchent à conserver leur suprématie dans l’IA, tout en veillant à ne pas voir leur technologie profiter à des nations jugées rivales, en particulier la Chine. Mais comment arbitrer entre la nécessité de garder la main sur l’innovation et celle de rester ouvert à l’international ? Le gouvernement peut-il vraiment à la fois dominer et contrôler sans ambiguïté l’usage de ses technologies ?
Le plan, qui se veut ambitieux, met surtout en avant la force « actuelle » de l’Amérique en matière d’infrastructures informatiques et de développement de modèles d’IA. On sent la volonté de s’imposer comme le centre de gravité mondial, tout en insufflant une coopération avec les alliés. Mais s’agit-il d’une coopération réelle ou d’une consigne : « Suivez-nous, ou subissez nos sanctions » ? La proposition de renforcer le traçage des puces et de muscler les contrôles à l’exportation laisse planer le doute sur la faisabilité opérationnelle de ces recommandations.
Entre ambition de leadership mondial et méfiance à l’égard de la concurrence, la stratégie américaine pour l’IA avance à tâtons.
Certes, le document prône des restrictions renforcées sur l’exportation des puces IA, tout en encourageant les alliés à faire bloc derrière la vision américaine. Mais dans les faits, le gouvernement reste très flou sur la méthode : comment imposer un tel alignement international ? Quelles technologies, quels composants, quelles frontières retenir ? Rien n’est précisé, et chaque tournant géopolitique pourrait tout remettre en question.
L’absence de détails pragmatiques sur la création de ces « alliances globales de l’IA » et sur la coordination concrète laisse la place à pas mal d’incertitude… et de contradictions. En témoignent les volte-face récentes : alors qu’elle restreignait l’exportation des puces Nvidia face à la Chine, l’administration Trump donnait finalement son feu vert quelques mois plus tard, brouillant complètement la lisibilité de sa politique commerciale.
A cela s’ajoute le retrait en catastrophe de la règle sur la diffusion mondiale de la puissance de calcul IA, héritée de l’administration Biden. Cette succession d’annonces et de désannonces trahit-elle une difficulté à s’accorder sur une vraie ligne directrice ? Et surtout, comment les partenaires internationaux percevront-ils cette instabilité, eux qui sont directement concernés par ces injonctions américaines ?
Alors que la signature de nouveaux décrets présidentiels est imminente, une question demeure : vont-ils enfin fournir des éléments concrets, ou s’agit-il simplement de poser des jalons en attendant mieux ? Le flou entretenu sur les mesures à venir sait-il rassurer une industrie qui réclame, elle, de la visibilité pour investir, s’aligner ou s’organiser ? Si l’Amérique ne clarifie pas rapidement ses principes, ne risque-t-elle pas d’affaiblir, au lieu de renforcer, sa position dominante ?
Source : Techcrunch




