On croyait avoir tout vu : des patchs qui sentent la lessive jusqu’aux robots qui vous préparent (peut-être) un café en 2031, la tech nous prouve chaque semaine qu’elle sait créer des besoins… puis de savoureux bugs pour mieux les frustrer. Pendant que Elden Ring Nightreign cède enfin à l’inclusion paresseuse en brisant le maléfice du trio avec ses “Duo Expeditions”, c’est tout l’écosystème de l’innovation qui se repense : co- ou solo, inclusif ou exclusif – ça dépend de la mise à jour et, bien sûr, du prix du ticket d’entrée.
Cette dynamique du “toujours plus connecté” ne se fait pas sans fausses notes. Regardez donc du côté d’une application Tea qui prétendait offrir sérénité et protection aux femmes célibataires, mais dont la sécurité s’est révélée n’être qu’une porte grande ouverte sur Google Firebase. Même les outils censés nous garder des monstres finissent par nourrir les trolls : de la sécurité à la surveillance, de la promesse initiale à la fuite massive de données, la frontière n’est jamais bien étanche… Ce n’est d’ailleurs pas Google qui viendra dire le contraire, toujours prompt à brandir le drapeau de la sécurité… sauf quand sa tolérance passive pour les stalkerwares traîne en ligne autant que les câbles USB-C sur un parking Apple.
Dans ce monde d’hyper-connectivité, la question du contrôle devient centrale. Qui pilote la sécurité quand même les plateformes censées protéger leurs utilisateurs rechignent à couper le robinet tant que ça rapporte ? Le leader du cloud joue la vierge effarouchée face aux fuites, tout en hébergeant allègrement les outils qui siphonnent données et confidences dans le dos des clients. Qu’on soit “en duo” pour affronter le boss dans Nightreign ou en solo face à la jungle des apps de rencontres ou de livraison virale, on reste vulnérable à des écosystèmes qui profitent de notre besoin de social et d’instantanéité… quitte à transformer chaque faille en méga coup de com’ ou, au mieux, en sujet d’excuse publique calibrée.
Quand chaque promesse d’inclusion ou de nouvel outil devient une opportunité de captation des données, c’est moins une question de technologie… qu’un problème de confiance structurelle.
Pendant ce temps, la foodtech fusionne avec TikTok pour transformer la commande de burger en happening viral et “authentique” : marre des clones froids, vive la vidéo spontanée qui buzze jusqu’à faire casser les serveurs. On retrouve la logique implacable de l’industrie logicielle : ce n’est pas le produit qui compte, c’est son image, et la rapidité de réaction au bad buzz. La generalisation des bugs, retards, et interruptions – cf. panne Starlink – prouve que même les “plan B” connectés n’offrent rien de certain… sauf la promesse d’un prochain hashtag #Fail quasi planétaire. La résilience, ici, c’est la capacité à produire des excuses aussi vite qu’on envoie une notification push.
Ainsi va la tech en 2025, prise entre la tentation de coopérer à tout prix, la soif du nouveau (quitte à jeter les anciens modèles à la casse comme Apple avec ses vieilles gloires), et la précarité fondamentale de nos identités numériques dispersées dans mille silos plus ou moins hermétiques. Plutôt qu’une inclusion sincère, c’est une inclusion-illusion : on partage le loot, on partage le fun, mais aussi le risque et la donnée. La victoire, désormais, c’est peut-être de savoir choisir quoi (et avec qui) on veut vraiment être vulnérable… tout en gardant un œil sur la prochaine fuite, la prochaine panne, le prochain sketch algorithmique.



