Uber Eats veut-il révolutionner le service de livraison de repas ou cherche-t-il simplement à suivre la concurrence ? Depuis quelques jours, la plateforme dévoile une série d’innovations technologiques destinées à rendre l’expérience utilisateur plus fluide et efficace. Mais au-delà des annonces, que cachent réellement ces nouvelles fonctionnalités, et le consommateur y trouvera-t-il son compte ?
Au cœur de cette vague d’améliorations, l’introduction d’un chat en direct entre commerçants et clients symbolise-t-elle enfin la fin des commandes erronées ? Désormais, les restaurateurs pourront échanger en temps réel avec leurs clients afin de confirmer un ingrédient en rupture ou clarifier une demande particulière, voire s’assurer du respect d’une allergie ou d’un régime alimentaire. Mais alors, pourquoi limiter cette capacité d’initiative aux seuls commerçants ? Le client, lui, devra attendre d’être contacté pour répondre, ce qui pourrait encore engendrer frustrations et incompréhensions en cas de commande imparfaite.
Il faut dire qu’Uber Eats ne fait que rattraper son retard face à DoorDash, son concurrent américain qui, depuis trois mois déjà, propose à ses commerçants de discuter directement avec les clients. Est-ce un moyen de combler le fossé ou une vraie recherche de dialogue ? La logique reste la même : le chat ferme automatiquement dès que la livraison est effectuée, coupant court à tout échange ultérieur.
La technologie facilite-t-elle vraiment la communication, ou n’est-ce qu’un écran de fumée pour masquer des problèmes persistants ?
En parallèle, Uber Eats mise fortement sur l’intelligence artificielle, multipliant les initiatives : analyse et synthèse automatisées des avis clients pour aider les commerçants à mieux orienter leur offre, descriptions de plats générées par IA pour aiguiller les lecteurs, et maintenant, amélioration esthétique des clichés de menus pour susciter l’appétit. Mais ces images, enjolivées par l’IA, correspondent-elles vraiment à la réalité de ce qui sera livré ? Peut-on faire confiance à une vitrine numérique où la frontière entre la retouche et la tromperie devient floue ?
Dans cette même logique de transparence (ou de marketing malin), Uber Eats encourage ses utilisateurs à photographier eux-mêmes leur commande. À la clé : si votre photo (prise après réception et via l’application) est sélectionnée pour illustrer le menu, vous repartez avec trois dollars d’avoir. Un moyen d’animer la communauté, certes, mais aussi d’enrichir la base de données visuelles de la plateforme à moindre coût. S’agit-il là d’un échange honnête ou d’un transfert malin de charge, à l’heure où l’authenticité des images alimentaires est plus que jamais questionnée ?
La bataille pour séduire le consommateur ne se joue donc plus seulement sur la rapidité ou l’étendue de l’offre, mais désormais sur la qualité des interactions et la personnalisation de l’expérience, qu’elle soit humaine ou artificielle. La stratégie d’Uber Eats s’inscrit-elle dans une tendance lourde où la technologie tiendra bientôt le premier rôle dans notre façon de consommer, au risque d’effacer l’humain et la spontanéité dans la relation entre restaurateur et client ?
À l’ère de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, la question demeure : le numérique améliorera-t-il vraiment notre expérience gastronomique, ou finira-t-on par regretter la simplicité d’une bonne vieille commande passée de vive voix ?
Source : Techcrunch




