Les robots sont-ils enfin prêts à sortir des laboratoires pour s’inviter dans nos maisons et transformer notre quotidien ? Tandis que la plupart des entreprises de la Silicon Valley misent sur l’amélioration du hardware robotique — mobilité, manipulation d’objets, perception sophistiquée — une start-up intrigue par sa stratégie radicalement différente : OpenMind. Mais qu’est-ce qui motive cette entreprise à vouloir se positionner comme le “Android des robots” ?
Plutôt que de créer le corps des humanoïdes, OpenMind s’attaque à leur “cerveau” logiciel avec OM1, une sorte de système d’exploitation adaptable à tous les robots, quelles que soient leurs origines matérielles. Cette ambition n’est-elle pas trop grande pour une société lancée seulement en 2024, alors que tant d’autres tentent de capter le marché naissant de la robotique ? Leur pari : rendre les interactions homme-machine aussi naturelles qu’entre humains eux-mêmes.
Selon Jan Liphardt, le chercheur de Stanford à l’origine du projet, l’époque des robots accomplissant des tâches répétitives en industrie touche à sa fin. Désormais, pour qu’un humanoïde puisse vivre à la maison et dialoguer avec ses utilisateurs, il lui faut un système nerveux central capable d’apprendre, de comprendre, d’échanger… Mais OpenMind innove encore plus loin avec FABRIC : un protocole permettant à chaque robot de vérifier l’identité de ses congénères et de partager contexte et informations à la vitesse de l’éclair. Faut-il y voir les prémices d’un réseau social pour robots, ou d’un nouvel Internet des machines ?
La vraie révolution ne viendra-t-elle pas de la communication instantanée et de l’apprentissage collectif entre robots ?
Un exemple frappant ? La capacité pour un robot d’apprendre instantanément toutes les langues humaines en se connectant à d’autres, éliminant ainsi la nécessité d’une formation individuelle par l’utilisateur. Mais cette promesse soulève tout autant d’espoirs que de questions : comment gérer la sécurité de ces échanges ? Quid de la confidentialité ou des potentielles dérives si un robot malveillant entre dans le réseau ?
Pour OpenMind, le passage à la réalité est imminent. Dès septembre, une flottille de dix chiens-robots propulsés par OM1 partira à la rencontre de leurs premiers “humains-hôtes”. La société, fraîchement financée avec 20 millions de dollars de plusieurs investisseurs majeurs, assume un parti-pris agile : sortir vite la technologie, recevoir un maximum de retours utilisateurs, et affiner le produit dans un cycle itératif. Mais cela suffira-t-il à percer dans un secteur où la méfiance envers les robots “intelligents” reste forte ?
Derrière cette volonté de rapprocher machines et humains, un enjeu crucial se profile : identifier les domaines où les robots apportent une vraie plus-value sans dénaturer nos modes de vie. C’est donc surtout la phase de confrontation au monde réel qui commencera à donner des réponses tangibles aux promesses d’OpenMind. Sauront-ils convaincre que les robots collaboratifs peuvent devenir, demain, nos nouveaux partenaires du quotidien ?
La course à l’OS universel de la robotique ne fait que commencer, et l’émergence de fonctions sociales et collaboratives entre machines pourrait bien redéfinir le rapport homme-robot. Mais sommes-nous prêts, en tant que société, à voir nos machines devenir aussi autonomes, communicantes… et potentiellement “intelligentes” que nous ?
Source : Techcrunch




