Bienvenue dans l’ère de la transparence XXL, où chaque pixel cartographique et chaque octet de calcul alimentent autant nos phobies numériques que nos rêves d’autonomie spatiale. Entre Instagram Map qui agite nos angoisses façon reality show géolocalisé, la pleine Lune qui se pavane dans le ciel en mode hyperconnectée, et Tesla qui renverse discrètement sa mayonnaise Dojo sur l’autel de l’IA, la techno nous invite à une grande soirée de l’ambiguïté : voyeurisme en HD, contemplation en stéréo, et promesses d’indépendance en kit.
Commençons par la Map d’Instagram. Derrière le vernis rassurant d’Adam Mosseri, le flou règne sur le partage de localisation. La plateforme promet le consentement, mais qui lit vraiment entre les lignes d’une interface pensée pour la friction minimale ? Égarés dans les réglages, anxieux devant la possibilité de voir leurs histoires épinglées sur une carte mondiale, les utilisateurs oscillent entre parano et naïveté technoïde… pendant qu’en sous-main, la plateformisation de la sociabilité accumule les positions GPS comme autant d’étoiles sur la scène du big data. L’exposition volontaire ou accidentelle fait, une fois de plus, office de nouvelle norme : la surveillance, c’est rassurant, à condition que ce soit votre avatar qui brille.
Dans l’espace, tout aussi clinquant mais heureusement moins traqué, la Lune poursuit son ballet sans se soucier de notre besoin chronique d’être localisé et de dominer le réel. Contrairement à Instagram et ses notifications de double-contrôle, la « Sturgeon Moon » joue à fond la carte du temps long : rien à cacher, tout à admirer. La tech, elle, veut transformer le banal en objet de partage permanent, mais la Lune rappelle qu’il reste quelques spectacles qui échappent encore à la géolocalisation, à la monétisation du like ou à la peur du FOMO algorithmique. Ironique, quand on pense qu’il aura fallu des siècles d’observation pour que l’homme envisage d’y poser le pied, et seulement quelques années pour cartographier chaque coin de notre salon au profit d’une timeline interactive.
Derrière la lumière de la pleine lune ou la promesse de la data souveraine, la techno ne fait souvent qu’éclairer nos contradictions les plus terriennes.
Pendant ce temps, chez Tesla, le grand spectacle de l’intelligence artificielle se joue façon “musique de chambre” : exit la partition Dojo, bienvenue aux standards industriels ! La convergence mondiale de l’IA est en route, mais elle se cuisine désormais à base de Samsung, d’AMD et de Nvidia. La foi dans l’innovation qui se fait « en circuit fermé » s’écroule, tout comme l’illusion de la pleine possession de sa propre carte — qu’elle soit lunaire, de localisation, ou de cloud computationnel. À quand la « Super Lune » de l’intelligence artificielle, visible de tous, mais contrôlée par personne ?
Ce grand numéro d’équilibriste de la tech nous rappelle à quel point la maîtrise — de nos données, du cycle lunaire, ou de la puissance de calcul — n’est souvent qu’un mirage, savamment entretenu par des discours rassurants. Les uns rêvent d’immersion totale et de partage ultra-connecté, les autres fantasment un self-control digital ou une autonomie machine qui ne cesse de leur glisser entre les doigts. Le XXIe siècle sera-t-il celui de la souveraineté retrouvée… ou de la cartographie intégrale de nos illusions ?




