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Credits image : Carl Tronders / Unsplash

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La justice peut-elle vraiment protéger les médias face aux représailles gouvernementales ?

Où s’arrête la protection de la liberté d’expression quand le gouvernement entre en scène, et qui surveille vraiment les surveillants ? Cette semaine, une décision de justice américaine relance justement le débat sur la capacité des autorités à s’attaquer à des organisations médiatiques soupçonnées de gêner les puissants. Retour sur un feuilleton judiciaire dont les enjeux dépassent largement les frontières des États-Unis.

Tout a commencé en 2023, lorsque Media Matters, une association connue pour son orientation progressiste, publiait une enquête explosive. Que révélait-elle exactement ? Que des annonces publicitaires de grandes marques s’affichaient aux côtés de contenus antisémites et odieux sur X, ex-Twitter, propriété d’Elon Musk. Suite à cet article, les annonceurs majeurs ont quitté la plateforme, déclenchant à la fois la fureur de Musk et une avalanche de procès, non seulement contre Media Matters mais aussi contre les groupes d’annonceurs sauvés pour boycott « illégal ».

Le bras de fer prend alors une tournure politique. Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, la Federal Trade Commission (FTC) se lance dans une enquête contre Media Matters. Mais l’objectif affiché — découvrir une « collusion illégale » avec des annonceurs — cache-t-il d’autres motivations ? Pourquoi la scène s’est-elle soudain déplacée du terrain privé au terrain administratif, et à qui profite ce glissement ?

La question de la liberté d’expression reste-t-elle intacte lorsqu’elle affronte les représailles des puissances publiques ou privées ?

Le vendredi suivant, le coup de théâtre vient d’une juge fédérale, Sparkle L. Sooknanan : elle bloque l’enquête de la FTC, estimant qu’il s’agit d’un acte de représailles pour une activité jugée emblématique du Premier Amendement américain, soit la liberté de la presse et d’expression. Dans une décision remarquée, la juge n’hésite pas à souligner que l’acharnement contre Media Matters devrait « alarmer tous les Américains », surtout quand il cible des démarches journalistiques. Pourquoi la FTC, dirigée par Andrew Ferguson — dont l’hostilité envers Media Matters était publique avant même sa nomination —, a-t-elle lancé une telle procédure ? Est-ce un hasard si des collaborateurs, connus pour leurs positions similaires, ont été recrutés à la tête de l’agence ?

Cette offensive judiciaire suscite aussi un effet glaçant : Media Matters a été contrainte de réduire ses effectifs tandis que la Fédération mondiale des annonceurs a fermé son programme de sécurité des marques, évoquant même des problèmes financiers liés à ces attaques. L’affaire va-t-elle dissuader d’autres groupes de presse de mener des enquêtes gênantes ? Peut-on encore parler de séparation des pouvoirs quand la peur de représailles économiques ou judiciaires influence clairement les sujets traités par les journalistes ?

Plus insidieux encore, révèle la juge Sooknanan, l’enquête de la FTC aurait eu l’« effet escompté » : Media Matters aurait renoncé à publier certains sujets sensibles, dont des investigations sur la FTC elle-même, son président, et Elon Musk. À quel point le climat de pressions institutionnelles façonne-t-il désormais la couverture médiatique du secteur technologique ?

Reste en suspens une question majeure : la FTC va-t-elle faire appel de cette décision qui pourrait changer durablement le rapport de force entre gouvernement et médias ? Ou ce feuilleton n’est-il qu’une étape d’un affrontement à venir bien plus large sur l’indépendance de l’information et la responsabilité des plateformes ?

Source : Techcrunch

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