Le gouvernement indien vient-il de condamner l’une de ses industries tech les plus florissantes ? Ce qui semblait être de simples débats parlementaires s’est transformé cette semaine en une crise sans précédent pour les acteurs du jeu en ligne à mise d’argent. Mais comment un secteur évalué à plus de 23 milliards de dollars peut-il brutalement s’effondrer du jour au lendemain ?
L’adoption éclair du « Promotion and Regulation of Online Gaming Bill, 2025 » soulève de nombreuses questions. Pourquoi l’Inde, fervente promotrice des startups, décide-t-elle soudainement de bannir complètement les jeux d’argent en ligne alors qu’elle veut encourager e-sport et jeux sociaux gratuits ? Est-ce une lutte contre une dérive sociale, ou une volonté de régulation économique ? À peine le texte adopté, la quasi-totalité des stars du secteur — Dream Sports, MPL, Zupee, Gameskraft, Probo — ont annoncé la fermeture de leurs activités.
Que va-t-il advenir des milliers d’employés et des millions d’utilisateurs ? Dès l’annonce du vote, Dream Sports, soutenue par Tiger Global et Multiples, a fermé son application Dream Picks, d’autres géants comme MPL et Zupee ont stoppé net dépôts et jeux payants, communiquant directement via leurs applications. Pourquoi une telle précipitation alors que la promulgation n’est encore qu’une formalité ? Des sources anonymes évoquent des réunions de crise et des plans de reconversion à l’international abandonnés in extremis. Le secteur traversait-il déjà une zone de turbulences, ou la loi n’a-t-elle fait qu’accélérer une situation instable ?
Un secteur de 23 milliards de dollars peut-il vraiment disparaître en une semaine sur une simple signature politique ?
Si les grandes plateformes affichent leur acceptation de la législation, que cachent ces décisions en coulisses ? Certains startups, comme Probo, affichent publiquement un respect résigné de la nouvelle loi, tandis que d’autres, tels Gameskraft, coupent l’accès à leurs jeux de rami sans un mot. Faut-il y voir la peur d’un bras de fer judiciaire annoncé comme perdu d’avance, ou un calcul pragmatique face à la pression des investisseurs ? Un expert de la politique publique affirme que « le combat serait trop difficile devant la Cour suprême ». Pourtant, n’est-ce pas paradoxal pour des entreprises autrefois conquérantes, prêtes à défier la bureaucratie indienne ?
Comment expliquer que tous ces acteurs, qui généraient ensemble 3,6 milliards de dollars de revenus annuels et assuraient près de 2,3 milliards en taxes, préfèrent fermer boutique plutôt que de défendre leur business devant la justice ? Est-ce la manifestation d’un raz-de-marée politique ou un aveu de faiblesse collective ? Les conséquences humaines sont déjà visibles : des centaines d’employés s’inquiètent, postent leur recherche d’emploi, anticipant des plans sociaux massifs, tandis que les utilisateurs attendent le remboursement de leurs dépôts.
Alors que l’Inde affirme vouloir devenir un « hub du jeu et de la créativité » selon les déclarations de son Premier ministre, comment concilier cette ambition affichée avec la disparition brutale d’un pan entier de l’écosystème technologique indien ? La politique vise-t-elle à éviter les « dérives sociales dues à l’argent » ou à redéfinir les priorités numériques du pays ?
L’industrie, qui rêvait d’un doublement de sa taille d’ici 2028, ne trouve pour l’instant aucun recours. Désormais, la question fondamentale reste : l’Inde vient-elle de sacrifier son secteur du jeu à mise d’argent sur l’autel de la morale… ou prépare-t-elle une relance stratégique pour conquérir différemment le marché du gaming mondial ?
Source : Techcrunch




