Comment un simple constructeur de sites Web sans code comme Framer est-il parvenu à se hisser à une valorisation de deux milliards de dollars et à conquérir des clients d’envergure mondiale en si peu de temps ? Framer, qui revendique plus d’un demi-million d’utilisateurs actifs mensuels, vient de lever 100 millions de dollars menés par Meritech et Atomico, confirmant ainsi sa place parmi les licornes les plus surveillées de la tech européenne. Mais comment expliquer une telle ascension, alors que le secteur du no-code est plus compétitif que jamais ?
À l’heure où la concurrence s’intensifie avec des mastodontes comme Figma, Squarespace ou Wix, et l’émergence de startups surfant sur la vague du « vibe coding » à la Cursor ou Lovable, Framer affiche une croissance insolente. Est-ce uniquement une question de timing, ou la startup hollandaise a-t-elle trouvé la recette magique pour séduire à la fois les designers indépendants et les grandes entreprises ?
Après une levée de fonds discrète de 27 millions de dollars l’an dernier, la société fonde désormais sa stratégie sur deux axes : l’intelligence artificielle et la conquête du marché entreprises. Koen Bok, cofondateur et PDG, affirme vouloir « permettre à n’importe quelle société de gérer l’ensemble de son site web avec confiance sur Framer. » Mais faut-il se méfier d’un discours marketing, ou Framer propose-t-il réellement une plateforme disruptive, capable de balayer les approches classiques du développement web en entreprise ?
La ruée vers les plateformes no-code soulève autant d’opportunités que de questions sur leur implantation durable dans les projets des grandes entreprises.
Depuis Amsterdam, les anciens de Facebook Bok et Jorn van Dijk misent sur le principe d’un constructeur “aimé des designers”, misant sur la personnalisation et la rapidité : outils analytiques intégrés, fonctions de sécurité pour les entreprises, gestion de sites dynamiques sans générations de pages statiques… Ces promesses tiennent-elles face aux besoins évolutifs des entreprises cités au tableau de chasse de Framer (Miro, Perplexity, Scale AI…), sans oublier les 40% de la dernière cohorte Y Combinator séduits par leurs offres sur-mesure ?
Il faut dire que l’entreprise néerlandaise accélère : l’essentiel de ses nouveaux clients serait désormais composé d’entreprises. Le chiffre d’affaires récurrent annuel vient de franchir la barre des 50 millions de dollars, avec pour ambition affichée de doubler la mise en douze mois. À cela s’ajoute un argument de poids : Framer serait rentable depuis un an, selon le PDG. Mais cette réussite financière est-elle un signe de pérennité dans un secteur souvent volatil ?
À mesure que l’automatisation et le no-code séduisent de plus en plus de PME et de grands groupes, on peut s’interroger sur la résistance de Framer face à ses concurrents historiques ou à l’arrivée de nouveaux entrants. De nouveaux standards du web pourraient-ils émerger de cette bataille technologique, ou les plateformes généralistes finiront-elles par noyer l’offre de Framer dans la masse ?
Framer osera-t-il renverser la table dans la construction et la refonte de sites web professionnels ? Ou bien n’est-ce qu’une énième bulle éphémère dans le chaudron des licornes tech ?
Source : Techcrunch




