Dans cette ère où la Lune disparaît aussi vite de l’horizon que les véritables innovations des keynotes, la technologie glisse d’un cycle lunaire à un autre, prise entre rituels anciens et fast-shows acidulés. L’obligation de montrer patte blanche chez Bluesky au Mississippi résonne comme cette nouvelle lune : on espère l’aurore, on récolte la nuit. Pendant que l’astre de la nuit se joue de notre indifférence urbaine à coups de phases invisibles, la tech elle, jongle entre validation d’identité et mise en scène, oubliant, comme nous tous, de se retourner pour contempler d’où elle vient… et pourquoi elle tourne en rond.
Ailleurs, la ringarde obligation d’authentification sur les réseaux sociaux aurait pu fournir la meilleure vanne du Pixel Circus de Google : “Avez-vous votre carte d’identité pour entrer en keynote ?” — mais non, c’est Jimmy Fallon, la star du late-night, qui patauge dans la piscine IP68 pendant que Google noie le poisson de l’IA dans un océan d’anecdotes people. Et pourtant, même tapage médiatique et soubresauts technologiques remplacent le ciel étoilé des cycles naturels par des panels marketing où le show prime sur la substance. Qui doit-on vraiment vérifier : l’âge des utilisateurs ou la maturité des annonces ?
Le bal des nouveautés chez Apple n’est qu’un autre cycle lunaire, une succession de phases — plus mince, plus violette, plus chère — qui s’effacent aussi vite que la vieille lune du calendrier agricole. L’innovation, cet éternel croissant croissant, promet toujours la lune : iPhone plus fin, AirPods plus “purs”, Watch plus “vitale”… mais la magie s’est-elle aussi distendue qu’un faisceau lunaire en pleine ville ? Les annonces s’étirent, comme la lumière sur la face cachée de la Lune, mais qui remarque encore vraiment la différence entre gibbeuse “Pro Max” et croissant “Air”, ou entre gadget new-age et rituel oublié ?
D’un cycle à l’autre, la technologie cultive le rituel du neuf et le sacrifice du sens, jusqu’à rendre la nouveauté banale et l’exception obligatoire.
Il y a là un fil ténu qui relie le débat sur la légitimité des contrôles d’identité numériques, l’indifférence aux cycles lunaires, la spectacularisation des keynotes, et la quête permanente de l’instant Waouh dans l’explosion sans fin des smartphones et accessoires connectés. Nous collectionnons les phases — croissantes d’enthousiasme, décroissantes en crédibilité — tout en ratant l’essence de l’expérience : le vrai lien social, la relation intime avec l’innovation, la capacité à s’émerveiller encore du passage d’un simple croissant de Lune. Peut-être que la tech, à force de se demander si la prochaine keynote sera pleine ou vide, oublie de regarder le ciel ?
Plutôt que d’enchaîner lois et flonflons, lançons-nous le défi d’interroger le sens et pas seulement la forme. Prochaine étape : fusionner le calendrier lunaire et le calendrier des conférences produits ? Au point où en sont les cycles, peut-être que seul le retour aux sources nous dira si nos objets connectés finiront astres ou satellites, et si le spectacle de la tech pourra un jour redevenir… éclairant.




