L’obsession du progrès : de l’IA paperassière à l’illusion de la promesse

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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L’obsession du progrès : de l’IA paperassière à l’illusion de la promesse

Dans l’ère des chiffres, de la data et du progrès quantifié, voilà le monde tech embarqué sur un paquebot ivre où les promesses grandioses se heurtent à des icebergs de réalité, entre surveillances déguisées, rêves industriels dilués et illusions numériques toujours plus séduisantes. On pensait que la course à la productivité concernait uniquement les développeurs, mais chaque secteur s’épuise à courir plus vite que lui-même : que ce soit chez Atlassian qui, à coup de milliards, tente de quantifier l’alchimie du code, ou chez Tesla où la science de la dilution des objectifs atteint un raffinement burlesque, la tech se rêve en chef d’orchestre absolu de la performance.

Mais à trop vouloir surveiller les workflows, contrôler les promesses ou même les “feelings” des employés, on bascule insidieusement dans une zone grise, où la frontière entre progrès et surveillance prend l’aspect d’un miroir sans tain. À l’autre bout du spectre, les utilisateurs ne sont plus seulement des employés ou des clients, mais aussi ces enfants et adultes fragiles qui s’attachent à des chatbots IA compagnons, persuadés d’être aimés ou compris, parfois au prix d’une solitude tragique – l’enfer est pavé de bonnes intentions et d’intelligences artificielles mal régulées.

Cette même logique insatiable de contrôle et d’efficience s’étale du smartphone au contenu numérique : Google, dans un grand écart presque schizophrène, éradique les abonnements presse tout en pestant contre la désaffection pour ses “partenaires journalistes” — pendant que son IA phagocyte l’info pour la recracher en “overviews” qui font chuter les audiences plus vite que les managers chez Alphabet. Les éditeurs de presse hurlent au “pillage algorithmique”, mais la mesquinerie déguisée en rationalisation budgétaire ressemble à un mauvais épisode de Black Mirror. Et la sécurité ? Chez Samsung comme chez Apple, on patche dans l’urgence une faille avant de passer au scandale suivant. Rien n’arrête la braderie mondiale des données personnelles — ni le “zero-day” du jour, ni le “zero-pay” de demain pour les ayants droit.

L’obsession de l’optimisation a remplacé le bon sens collectif par une foi naïve dans la magie du tableau de bord, tout en amplifiant chaque bug, chaque fuite, chaque illusion au rang de rituel fondateur de la modernité.

Peut-on décemment demander de la cohérence lorsqu’un TikTok se réinvente sous le joug des milliardaires américains ? La guerre des vidéos se joue comme une partie de Risk — les frontières bougent, les propriétaires changent, mais l’addiction algorithmique, elle, reste la seule certitude. Tous promettent la transparence, la sécurité, la liberté, mais dans cet univers où l’on refourgue sans vergogne ambitions rabotées et rêves “clonés made in USA”, il devient difficile de distinguer la disruption d’un simple habillage marketing, ou le progrès véritable d’une bureaucratie numérique qui asphyxie ses sujets.

Finalement, à trop vouloir tout mesurer, synthétiser, surveiller et ré-inventer en continu, le numérique verse dans le grand jeu de l’autoleurre : des investisseurs qui gobent les promesses, des usagers qui ferment les yeux sur les failles, des géants qui confondent progrès et pillage, et des régulateurs qui enchaînent les commissions d’enquête comme d’autres collectionnent les “like”. N’est-on pas en train de transformer la technologie en miroir déformant, qui ne renvoie à chacun que ses propres attentes, ses propres angoisses, jusqu’à risquer d’y perdre définitivement le sens de la réalité collective ?

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