Est-il possible que le bras de fer entre les États-Unis et la Chine autour de TikTok touche enfin à sa fin ? Après des mois de tractations, d’ultimatums politiques et de menaces de bannissement, un accord entre les deux géants aurait-il été trouvé par les dirigeants des deux pays ? Quelles concessions ont été faites de part et d’autre et que cela implique-t-il vraiment pour l’application la plus populaire auprès des jeunes américains ?
Selon les propos tenus par Scott Bessent, Secrétaire au Trésor américain, lors d’une intervention remarquée à la télévision américaine, Washington et Pékin sont “prêts à conclure un accord final sur TikTok”. Mais pourquoi maintenant, alors que Donald Trump multipliait les prolongations du délai pour contraindre le chinois ByteDance à vendre les activités américaines de TikTok sous peine d’interdiction ? Quelle est la véritable teneur de cet accord mystérieux élaboré dans les coulisses et entériné lors de rencontres discrètes à Madrid puis à Séoul, sans que le public n’en connaisse les détails ?
L’administration américaine assure que TikTok passera sous la surveillance d’un nouveau conseil d’administration, où la sécurité serait garantie, notamment par Oracle, entreprise proche de Donald Trump. Mais pourquoi Oracle, et pourquoi Fox Corp, Andreessen Horowitz ou encore Silver Lake Management figurent-ils au capital de la nouvelle entité américaine ? Est-ce la garantie d’une indépendance accrue face à la Chine, ou au contraire le signe d’une privatisation de la censure et de la modération des contenus ?
Ce nouvel accord sur TikTok cristallise bien plus que des simples questions de sécurité nationale : c’est un enjeu de pouvoir sur la technologie et la jeunesse connectée.
Le silence sur les aspects techniques du deal entretient la confusion : Bessent reste muet sur le sort du fameux algorithme de recommandation ou du code source. Est-ce le signe que, derrière une façade de fermeté, les Américains ont accepté certains compromis pour éviter une rupture brutale et préserver leurs propres intérêts économiques ? Dans le même contexte, un “accord-cadre” plus large semble avoir été trouvé entre les deux pays sur d’autres sujets sensibles comme la guerre des tarifs douaniers et le contrôle des minerais rares, essentiels à l’industrie high-tech. Faut-il y voir une coïncidence ou le prélude d’une détente commerciale ?
Les enjeux sont colossaux. La négociation sur TikTok n’est-elle qu’une pièce du puzzle dans l’affrontement technologique global entre Washington et Pékin ? Alors que la Chine brandit à nouveau la menace de restreindre les exportations de terres rares, l’économie mondiale est suspendue à la décision de ces deux superpuissances. Les questions de souveraineté numérique et de contrôle des plateformes sociales ne sont-elles pas le nouveau champ de bataille de la guerre froide 2.0 ?
Pour les utilisateurs et influenceurs de TikTok, ce compromis est-il réellement synonyme de protection de leurs données ou bien d’un simple changement de main sans effet sur leur quotidien ? Les investisseurs proches du pouvoir politique américain rassurent-ils ou inquiètent-ils sur l’indépendance éditoriale du réseau social préféré de la Génération Z ? Enfin, ce compromis marque-t-il le début d’une nouvelle ère dans les relations sino-américaines ou annonce-t-il de futurs bras de fer plus discrets mais tout aussi stratégiques ?
Reste à savoir si cet équilibre précaire, fruit de mois de négociations et de pressions mutuelles, tiendra dans la durée. La saga TikTok s’achève-t-elle vraiment, ou n’assistons-nous qu’à l’énième épisode d’un feuilleton géopolitique sans fin ?
Source : Techcrunch




