L’organisation Breakthrough Energy, fondée par Bill Gates, peut-elle encore faire la différence face aux défis croissants de l’innovation climatique? À l’heure où les tensions commerciales s’exacerbent et où l’économie mondiale vacille, la question du financement, des priorités politiques et surtout de la pertinence de leurs paris long terme se pose. L’équipe politique, qui était jadis centrale, a été supprimée, signe d’une réévaluation stratégique interne – mais pourquoi ce changement, et que dit-il de la santé de l’écosystème de l’innovation verte?
Malgré ces ajustements, Breakthrough Energy maintient le cap sur ses investissements dans les start-up, notamment à travers son programme phare : les Breakthrough Energy Fellows. Mais alors que des pans de leurs activités récentes disparaissent, ce programme semble au contraire prendre de l’ampleur. Pourquoi ce choix? Le programme vient d’annoncer une nouvelle cohorte de 45 fellows répartis dans 22 start-up, une sélection féroce issue de 1 500 dossiers. Quels sont les critères qui guident cette sélection et en quoi leur stratégie a-t-elle évolué?
Ce qui frappe, c’est la dimension résolument internationale de la cohorte : pour la première fois, 50% des équipes sélectionnées ne sont pas américaines. Cette ouverture n’est-elle pas aussi une prise de conscience incontournable? Avec l’ouverture d’un hub à Singapour et un partenariat avec l’agence gouvernementale Enterprise Singapore et Temasek, Breakthrough Energy se tourne-t-elle vers l’Asie pour capter de nouvelles dynamiques? Faut-il comprendre que la transition verte se joue désormais sur d’autres continents?
La mondialisation de l’innovation climatique semble s’imposer comme un enjeu central pour Breakthrough Energy et sa survie dans l’écosystème.
Cette internationalisation révèle surtout une adaptation aux spécificités régionales. Selon Ashley Grosh, vice-présidente de Breakthrough Energy, les défis climatiques doivent être traités là où ils sont les plus pressants et pertinents localement. Pourquoi, par exemple, un focus aussi marqué sur l’hydrogène et la circularité en Asie? Est-ce la conséquence du rôle de l’Asie comme “usine du monde” et terreau de nouveaux modèles énergétiques? Les autres thèmes phares, comme les minéraux critiques, l’agriculture ou la modernisation des réseaux électriques, témoignent-ils d’une volonté de coller au plus près aux besoins réels de chaque territoire?
Mais l’ambition de Breakthrough Energy ne se limite pas à la diversité géographique. Un tournant est également visible dans l’accompagnement des fellows. Le programme incite désormais ses participants à questionner la viabilité économique de leurs projets dès les premières étapes, au moyen d’analyses techno-économiques. Cette précaution, qui s’appuie sur le retour d’expérience des précédentes cohortes, doit-elle être vue comme un désaveu du modèle “tech for tech” et une prise de conscience de la nécessité d’un impact concret et rentable?
Cette nouvelle philosophie a-t-elle fait ses preuves? Selon Grosh, quasiment toutes les équipes issues des quatre premières promotions ont réussi à lever des fonds additionnels, et l’une d’elles, Holocene, a même été rachetée par une major du secteur. Ce type de réussite donne-t-il le ton pour le futur de l’innovation climatique « made in Breakthrough Energy »?
Mais à mesure que l’incertitude économique mondiale persiste et que la compétition pour attirer les meilleurs talents et financements s’intensifie sur la scène internationale, Breakthrough Energy pourra-t-il conserver son avance et continuer à réinventer l’innovation climatique?
Source : Techcrunch
