Comment une jeune pousse comme Rodatherm Energy compte-t-elle révolutionner l’industrie géothermique déjà dominée par des acteurs historiques et fortunés ? Le marché du renouvelable, en pleine effervescence, voit chaque mois débarquer de nouvelles promesses. Mais derrière les levées de fonds et les discours technologiques, les startups peuvent-elles vraiment changer la donne technologique ?
Rodatherm affirme se distinguer avec une technologie atypique : exit l’eau couramment exploitée dans le secteur, la jeune société mise sur une boucle fermée en acier, remplie d’un réfrigérant. Pourquoi ce bouleversement de paradigme ? Faut-il repenser totalement l’ingénierie souterraine en remplaçant l’eau par d’autres fluides ? La société assure que cette approche, inspirée des pompes à chaleur de type « minisplit » domestiques, serait 50% plus efficace que les systèmes classiques, tout en minimisant la consommation d’eau et l’usure mécanique grâce à un circuit scellé.
Pour croire à ce pari osé, il ne suffit pas de croire à la technologie, mais aussi au financement. Parmi les investisseurs de ce premier tour de table à 38 millions de dollars, on retrouve Evok Innovations en chef de file, épaulé par Toyota Ventures ou encore la fondation Grantham. Pourtant, cette somme reste minime face aux mastodontes tels Fervo Energy, déjà capable d’amasser près d’un milliard de dollars et de signer des contrats avec Google. Est-ce que l’âge d’or de la géothermie appartiendra encore longtemps aux leaders actuels, ou la voie est-elle ouverte à la disruption ?
Rodatherm parie sur une rupture technologique, mais reste à prouver que l’innovation vaincra la dominance financière des pionniers du secteur.
Le défi est immense : alors que Fervo ou XGS signent avec les géants du numérique pour alimenter leurs data centers, Rodatherm doit se distinguer sans l’appui d’un carnet de commandes déjà garni. Le brevet de la startup mise sur l’élimination des filtres coûteux et la limitation de l’usure grâce à son design à boucle fermée. Mais quid des coûts de forage et d’installation ? La promesse d’une efficacité accrue suffira-t-elle à compenser des investissements initiaux plus élevés ? Seules les performances du futur site-pilote dans l’Utah permettront de trancher cette question.
Côté calendrier, Rodatherm prévoit de livrer une centrale de 1,8 mégawatt d’ici fin 2026, en partenariat avec les services municipaux locaux pour la vente de l’électricité. La stratégie semble claire : valider la technologie à l’échelle industrielle, puis espérer séduire de plus gros clients à l’image de Google ou Meta. Mais, au vu de la compétition, chaque mois de retard pourrait être fatal.
Alors, l’avenir du secteur passera-t-il par la rupture technique ou par le poids des alliances stratégiques et du capital ? Rodatherm saura-t-elle sortir du lot, ou sera-t-elle engloutie dans la bataille acharnée des start-ups géothermiques ? Une chose est sûre : la course aux énergies propres ne fait que commencer.
Et vous, les grandes innovations suffisent-elles à bouleverser la hiérarchie d’un secteur ou le nerf de la guerre restera-t-il toujours le financement ?
Source : Techcrunch




