Apple serait-elle en train de bouleverser les usages de l’intelligence artificielle sur mobile ? Depuis la sortie de la nouvelle version d’iOS, la fameuse marque à la pomme propose aux développeurs d’intégrer facilement ses propres modèles d’IA « on-device » avec le Foundation Models framework. Mais que nous réservent vraiment ces micro-IA, logées au cœur de nos iPhones et iPads, face aux pontes du secteur comme OpenAI, Anthropic, Google ou Meta ?
L’argument d’Apple est simple : avec cette boîte à outils, les développeurs peuvent enrichir leurs applications d’intelligence, sans coûts supplémentaires de calcul à l’utilisation. Faut-il y voir une révolution en matière de sobriété numérique et de respect de la vie privée ? Ou s’agit-il simplement d’une évolution discrète, limitée par la taille modeste de ces modèles locaux, bien inférieure aux monstres GPT de la concurrence ?
À y regarder de plus près, ce sont d’abord nos usages quotidiens qui changent. Les premières applications embarquant la technologie Apple commencent à fleurir. Lil Artist, par exemple, dynamise la créativité des enfants avec des histoires générées localement. Daylish tente d’associer des emojis pertinents à vos rendez-vous. LookUp crée des exemples personnalisés pour l’apprentissage du vocabulaire, quand MoneyCoach propose des analyses automatiques de vos dépenses. L’innovation réside-t-elle dans ces petites touches pratiques qui, sans bouleverser l’expérience, transforment en profondeur notre rapport à la machine ?
L’IA d’Apple s’insinue partout discrètement, repoussant les frontières entre automatisation transparente et intelligence ubiquitaire.
Mais alors, quelle diversité d’idées l’écosystème Apple autorise-t-il ? La liste s’allonge : Tasks automatise la gestion des tâches, Day One résume vos journaux, Crouton convertit vos recettes en étapes détaillées, Dark Noise génère des ambiances sonores sur-mesure et Signeasy extrait la substantifique moelle de vos contrats… La plupart des usages relèvent du « quality of life », un gain d’ergonomie qui semble discret mais pourrait, à terme, s’imposer comme une norme invisible. Est-ce suffisant pour séduire un large public, habitué aux prouesses plus visibles des grandes IA cloud ?
Pour autant, Apple joue-t-elle uniquement la carte du petit plus, ou prépare-t-elle une véritable bascule ? L’approche « tout local », sans connexion à l’extérieur, garantit une confidentialité maximale et une rapidité à l’exécution. Voyons-nous ici les prémices d’une nouvelle ère, où chaque geste du quotidien se dédouble d’une assistance intelligente, imperceptible mais omniprésente ?
La multiplication des cas d’usage le laisse croire. Les apps de gestion (CardPointers, Tasks, Capture…), de musique (Guitar Wiz), de sport (SwingVision, SmartGym, TrainFitness), de bien-être (Stoic, Lumy), toutes piochent dans ce potentiel invisible pour enrichir l’expérience sans sacrifier la vie privée ni la vitesse. Faut-il alors s’attendre à une redéfinition de la frontière entre logiciel et intelligence artificielle ?
À mesure que la liste s’allonge et que les usages se raffinent, une question reste ouverte : accepterons-nous que l’intelligence devienne un filigrane insoupçonné de nos moindres interactions numériques, ou risquons-nous l’indifférence face à une innovation jugée trop discrète ?
Source : Techcrunch




