Quelle dynamique secrète agite le secteur des mobilités, là où innovation technique et intrigues de salle de conseil semblent s’entremêler plus que jamais ? Les récents événements autour de Luminar et de son fondateur déchu Austin Russell viennent relancer la question : à qui profite réellement la saga des technologies de transport autonome ?
Après avoir été poussé vers la sortie suite à une enquête d’éthique, Austin Russell revient sur le devant de la scène… non plus à la tête de Luminar, mais à travers sa nouvelle structure, Russell AI Labs. Cette initiative relève-t-elle de la revanche ou prépare-t-elle la prochaine grande fusion dans le secteur ? Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que Russell a officiellement fait une offre de rachat sur Luminar, créant ainsi un climat de suspense et d’incertitude. La direction de Luminar est-elle vraiment opposée à ce retour ou certains membres du conseil d’administration voient-ils, au contraire, en Russell une chance de redonner un second souffle à la société ? Pourquoi, après avoir initié son éviction, certains administrateurs le « pousseraient-ils » à reprendre les commandes ? Est-ce une simple question d’opportunisme ou une reconnaissance tardive de son rôle visionnaire ?
L’offre de rachat reste entourée de zones d’ombres. Elle pourrait impliquer l’acquisition par Russell AI Labs d’une autre société de technologie automobile pour ensuite la fusionner avec Luminar, une stratégie qui ressemble déjà à un coup de billard à trois bandes. Quelles options Russell tient-il vraiment en main ? Et pourquoi Luminar reste-t-elle murée dans son silence ?
Selon toute vraisemblance, les lignes entre rivalités, alliances et impératifs économiques n’ont jamais été aussi mouvantes dans l’écosystème des transports en mutation rapide.
Mais Luminar et Russell ne sont que la partie visible d’un iceberg en pleine recomposition. Le secteur de l’aviation électrique bouge aussi. Tandis que Beta Technologies cherche à lever jusqu’à 825 millions de dollars lors de son introduction en bourse, la start-up disparue Lilium voit ses brevets rachetés pour une bouchée de pain par Archer Aviation. Lilium, qui avait levé plus d’un milliard, n’aura laissé derrière elle qu’une poignée de technologies rachetées pour 18 millions d’euros. Que va faire Archer de ces précieux brevets, enjeu stratégique évident pour la course à la mobilité aérienne ?
Et le rythme des annonces ne faiblit pas : du financement massif pour la robotique des entrepôts chez Dexory, à la percée de startups de drones comme Airbound en Inde, en passant par l’essor des véhicules autonomes de Pony.ai et WeRide, l’écosystème mondial des mobilités intelligentes s’apprête-t-il à basculer dans un nouveau cycle de consolidation féroce ? Quels rôles ces nouveaux acteurs joueront-ils dans la redéfinition des chaînes logistiques et de livraison (FleetWorks, Starship Technologies), du commerce de proximité (Zepto), ou dans l’organisation même de nos villes (Upciti) ?
Dans cette effervescence, les collaborations et inflexions stratégiques des géants historiques semblent tout aussi décisives. Stellantis, en partenariat avec Pony.ai, annonce la création de robotaxis, mais freine sur l’électrification de sa gamme face à la résistance des syndicats. Waymo, quant à elle, élargit son périmètre à Londres et à la livraison en partenariat avec DoorDash, tout en posant la question du modèle économique le plus viable pour la voiture autonome. Uber tente même de réinventer le micro-travail via des tâches d’étiquetage de données pour IA. S’agit-il de simples tâtonnements ou d’une mutation en profondeur du rapport à la mobilité, à la logistique… et au travail ?
Face à tant de rebonds, une question s’impose : assistons-nous à la préfiguration d’un bouleversement des modèles d’affaires dans la tech de la mobilité, ou à une guerre de positions dont seuls quelques géants sortiront vainqueurs ?
Source : Techcrunch




