Amazon est-elle en train de sacrifier ses salariés au profit de l’intelligence artificielle ? L’annonce d’une nouvelle vague de licenciements, touchant 14 000 postes au sein de la division corporate, pose la question du rythme effréné de transformation que subit l’entreprise. Que cache vraiment cette quête d’efficacité et de réduction de la bureaucratie ?
Beth Galetti, vice-présidente senior en charge de l’expérience des collaborateurs, défend cette décision radicale par un argumentaire singulier. Selon elle, la croissance rapide de l’IA impose une réorganisation profonde. Mais comment justifier ces coupes massives alors que les résultats financiers sont en nette progression ? Avec près de 1,2 million d’employés et plus de 360 000 dans le corporate, Amazon dit vouloir investir dans ses « plus grandes ambitions ». Mais à quel prix pour les travailleurs ?
Derrière le discours officiel sur l’adaptation à « un monde qui change vite », ne faut-il pas voir une volonté de céder aux sirènes de l’automatisation ? Andy Jassy, le PDG, l’admet lui-même : l’essor de l’IA générative va transformer la nature du travail, rendant certains postes obsolètes tandis que d’autres apparaîtront. Mais combien de ces salariés trouveront vraiment leur place dans cette nouvelle organisation ? L’incertitude règne sur le sort des milliers de personnes concernées.
En misant sur l’IA, Amazon change les règles du jeu pour ses employés, mais la promesse d’un avenir meilleur pour tous reste floue.
Amazon investit sans compter : plus de 55 milliards de dollars dépensés dans l’infrastructure technologique lors du premier semestre, principalement pour soutenir l’essor de son cloud AWS. Les chiffres sont impressionnants : 13% d’augmentation de chiffre d’affaires au dernier trimestre, dont près d’un cinquième provient de ses activités cloud. Mais est-ce suffisant pour justifier de rompre le contrat social qui liait le géant à ses employés ?
Selon Reuters, Amazon pourrait ne pas s’arrêter là et viser jusqu’à 30 000 suppressions de postes au total, au-delà du corporate, touchant les ressources humaines, la division appareils, les opérations… La direction promet des mesures d’accompagnement : mobilité interne, indemnités, aide à la reconversion. Mais dans les faits, combien de ces promesses se concrétiseront alors que la course à l’efficacité s’accélère année après année ?
Ce mouvement s’inscrit dans une vague de coupes régulières, plus ciblées, dans plusieurs services. En janvier déjà, les services Communication et Développement durable avaient été touchés. Le mot d’ordre pour 2026 est clair : continuer à supprimer des couches hiérarchiques tout en recrutant dans les secteurs stratégiques. Mais qui bénéficiera réellement de ces « gains d’efficacité » prônés par la direction ?
La mécanique dévoilée par Amazon, sous couvert de modernisation, questionne en profondeur la responsabilité sociale d’un leader mondial de la tech. Jusqu’où ira la mutation vers une IA omniprésente et une organisation ultra-plate ? Les employés – et le modèle même d’Amazon – résisteront-ils à cette révolution silencieuse ?
Source : Techcrunch
