Comment une solution indienne d’engagement client basée sur l’IA parvient-elle à s’imposer face aux géants américains du marketing digital ? La nouvelle levée de fonds de MoEngage, qui dit vouloir accélérer sa croissance mondiale et injecter plus d’intelligence artificielle dans sa plateforme, soulève de nombreuses interrogations sur la capacité des nouveaux venus à transformer un secteur dominé par Adobe, Oracle et Salesforce.
Qui investit aujourd’hui dans cet outsider ? Selon MoEngage, ce sont 100 millions de dollars qui viennent d’être levés lors d’un tour de table mené par Goldman Sachs Alternatives, un investisseur déjà présent, avec l’arrivée du fonds indien A91 Partners. Faut-il y lire un signe de confiance renouvelée, ou une stratégie d’offensive ? Quoi qu’il en soit, MoEngage totalise à présent 250 millions de dollars de financement. Mais ce nouvel élan suffira-t-il à lui ouvrir toutes les portes du marché international ?
La guerre des plateformes marketing ne fait que s’intensifier, notamment à mesure que les marques recherchent des moyens toujours plus sophistiqués d’utiliser la data pour personnaliser l’expérience client. MoEngage promet, avec sa suite Merlin AI, d’automatiser campagnes et segmentation via l’IA, afin de réduire la part d’intervention humaine. Mais l’adoption rapide de telles technologies par les grands groupes n’est-elle qu’un effet de mode, ou une véritable lame de fond ?
MoEngage voit dans l’IA le levier clé pour rivaliser avec les géants établis du secteur marketing digital.
La société, fondée en Inde il y a 11 ans, s’est d’abord concentrée sur l’Asie avant de séduire l’Amérique du Nord, qui représente maintenant le tiers de ses revenus. Avec un portefeuille de 1 350 marques clientes — de SoundCloud à Domino’s en passant par de grandes banques — MoEngage affirme transformer la façon dont les entreprises unifient et exploitent la donnée client, tous canaux confondus. Mais ce discours séduisant masque-t-il les challenges opérationnels liés à une expansion aussi rapide ?
En investissant massivement dans l’IA générative et d’aide à la décision, MoEngage entend se différencier : création automatique de contenus marketing, ciblage automatisé selon les profils et les moments, consolidation de solutions disparates… Pourtant, les anciens clients d’Adobe ou Salesforce ne se laissent-ils pas tenter avant tout par la promesse de réductions de coûts et une meilleure rétention ? Le cas emblématique de SoundCloud, qui aurait migré 120 millions d’utilisateurs en seulement trois mois, suffit-il à faire école ?
Malgré une croissance annoncée à 40% l’an dernier et des ambitions affichées d’IPO dans les prochaines années, MoEngage devra encore convaincre en Europe et en Amérique du Nord, où le marché est saturé et la bataille pour les talents fait rage. Peut-elle s’appuyer durablement sur le soutien de Goldman Sachs, ou devra-t-elle multiplier les preuves d’efficacité pour justifier ses valorisations ?
MoEngage est-elle vraiment en train de bousculer le marché mondial du marketing digital, ou ce nouvel investissement n’est-il qu’une étape de plus dans la longue lutte entre les start-ups agiles et les mastodontes historiques ?
Source : Techcrunch
