Le monde des agents intelligents d’entreprise est-il à l’aube d’une révolution ou bien dans l’impasse ? Avec l’annonce de la nouvelle plateforme AI de Salesforce, Agentforce 360, la concurrence pour dominer ce marché bouillonnant s’intensifie plus que jamais. Mais si toutes les grandes entreprises technologiques disposent d’une offre d’agents IA, la vraie question demeure : les entreprises tirent-elles vraiment profit de ces promesses de productivité dopée à l’IA ?
Pourquoi Salesforce lance-t-il Agentforce 360 maintenant, et en quoi cette version diffère-t-elle ? D’après l’éditeur, ce nouveau fleuron introduit « Agent Script », un outil conçu pour rendre les agents IA programmables à l’aide d’instructions textuelles, de scénarios conditionnels (« si/alors ») et d’une meilleure capacité à manier l’imprévu lors des interactions clients. En pratique, est-ce vraiment une rupture ou seulement la poursuite d’une tendance déjà bien amorcée par OpenAI ou Google ?
Frappe-t-elle un grand coup avec sa version bêta prévue en novembre, Salesforce compte sur la puissance des modèles dits de « raisonnement » pour se distinguer. Ces modèles, développés avec Anthropic, OpenAI ou Google Gemini, promettent une capacité à « penser » avant de répondre plutôt que d’agir de façon automatique sur des schémas prédictibles. Mais cette évolution séduira-t-elle des organisations fatiguées des IA qui patinent dans des cas d’usages réels ?
Malgré l’effervescence médiatique, la majorité des essais d’IA en entreprise échouent à passer l’étape du pilote à la production.
Salesforce enrichit en parallèle son arsenal de construction d’agents avec Agentforce Builder, une plateforme unique pour concevoir et déployer des IA – et même des applications professionnelles avec Agentforce Vibes, lancé plus tôt ce mois-ci. Slack, propriété de Salesforce, entre aussi dans la danse avec une refonte de son Slackbot en assistant IA personnalisé et une intégration massive prévue avec les autres services maison (Sales, IT, RH), sans oublier la connexion future à des outils comme Gmail, Outlook ou Dropbox. Faut-il y voir un acte de foi envers l’IA conversationnelle, ou une fuite en avant pour justifier l’acquisition de Slack ?
Ces innovations interviennent alors qu’une multitude de concurrents affûtent leurs armes : Google vante son Gemini Enterprise, Anthropic multiplie les partenariats (IBM, Deloitte), et tous promettent d’augmenter la force de travail par des agents de plus en plus « intelligents ». Pourtant, les doutes ne manquent pas sur l’efficacité réelle de cette course à l’automatisation. Une étude du MIT, glissée en annexe du communiqué de Salesforce, affirme que 95% des pilotes IA en entreprise échouent avant même d’atteindre la phase de production. Comment expliquer ce gouffre entre ambitions marketing et réalité terrain ?
Est-ce que les entreprises, à force de multiplier les tests et les annonces, oublient l’essentiel : l’adoption par les utilisateurs et le retour sur investissement ? Même les succès vantés, comme les 12 000 clients d’Agentforce, ou les déploiements chez Lennar, Adecco ou Pearson, suffisent-ils à rassurer les directions tentées de couper dans les budgets logiciels après des années de dépenses exponentielles et des résultats difficiles à mesurer ?
Au fond, l’enjeu posé par Agentforce 360 ne se résume-t-il pas à une interrogation brute : l’IA d’entreprise va-t-elle enfin sortir du laboratoire et transformer durablement le travail, ou rester une belle promesse marketing de plus ? Le futur du travail intelligent n’a-t-il pas besoin de résultats concrets, au-delà des effets d’annonce ?
L’entreprise connectée à l’IA va-t-elle vraiment franchir un cap décisif, ou sommes-nous condamnés à une succession d’annonces et de tests sans lendemain ?
Source : Techcrunch




