Robots, algorithmes et l’art millimétré du chaos sous contrôle

Illustration originale : Evan Iragatie / Flux

Edito
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Robots, algorithmes et l’art millimétré du chaos sous contrôle

La tech adore nous vendre le mirage du contrôle total, mais derrière chaque révolution, le chaos tapisse le parking. Voyez les robotaxis d’Autolane : pendant qu’on rêve d’un ballet ordonné de véhicules autonomes façon Tetris géant sur l’asphalte, la question primordiale n’est pas la destination, mais l’art (ou l’échec) de se faire déposer sans finir entre les frites froides et une borne de recharge. Ce qu’Autolane fabrique – et ce que la Silicon Valley fomente à plus grande échelle – c’est du “cadre technique”, cette illusion d’ordre alors même que la technologie projette sur nos vies une pagaille algorithmique toujours susceptible d’échapper à ses créateurs.

Regardez ce qui se trame sur les réseaux sociaux. Les premiers à vouloir organiser la cacophonie, ce sont ceux qui — à l’image de Bluesky — refilent la tache à l’utilisateur sous prétexte d’autonomie. On nous donne des “dislikes”, des flux personnalisés, des bulles de voisins triés sur le volet, mais chaque clic d’optimisation construit de nouveaux murs invisibles et déplace la responsabilité de la modération sur nos frêles épaules. La régulation ? Circulez, y’a plus rien à centraliser : la tech « s’autogère »… ou, plus souvent, s’abandonne à l’anarchie en espérant que la foule saura trier ses propres ordures numériques.

Dans cette grande entreprise de façade, l’illusion du progrès est entretenue par l’emballage algorithmique. YouTube expérimente le bouton “Your Custom Feed” — une baguette magique pour choisir soi-même son destin audiovisuel… à condition de croire que nos désirs, une fois moulinés par une IA, finiront par ressembler à autre chose qu’une litanie de suggestions biaisées par nos clics accidentels de minuit. Plus fort encore, les métiers automatisés par l’IA s’alignent étrangement sur ce qui se teste le mieux : les codeurs, “validés” par des milliards d’exemples, voient déjà le sol se dérober sous leurs pieds, pendant qu’ailleurs, la subjectivité sauve (encore) les apparences.

La tech promet la personnalisation et l’ordre, mais vend trop souvent l’illusion d’un chaos sous contrôle.

Que faire quand cette complexité s’invite jusque dans la régulation même de la technologie ? L’épisode américain du super PAC “Leading the Future” contre la loi RAISE résume tout : chaque tentative locale pour jeter un frein à l’appétit algorithmique se heurte à la crainte pavlovienne de tuer l’innovation, sous peine d’offrir à la concurrence chinoise la clef de la supériorité numérique. Résultat : chaque nouvelle couche d’automatisation dessine un ordre opaque, où le citoyen devient à la fois sujet du progrès… et figurant de sa propre désillusion.

Il reste la question brûlante : qui pilote vraiment cette valse numérique ? Est-ce l’utilisateur “empoweré” à grand renfort de “custom feeds” et de “filtres”, la start-up qui flaire la prochaine faille de parking ou la poignée de lobbyistes californiens qui redessinent le terrain de jeu législatif à coups de dollars ? Tant que la cybernétique promettra de régler l’humain à coups d’étiquettes et de cash, le progrès ressemblera à une répétition générale où chaque détail, non anticipé, pourrait bien transformer notre arrêt programmé en collision inévitable.

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