À l’heure où l’intelligence artificielle envahit nos entreprises, comment monétiser la valeur réelle des agents IA, ces algorithmes censés révolutionner la productivité ? La startup Paid, menée par Manny Medina, ex-fondateur d’Outreach, propose-t-elle une solution adaptée ou sommes-nous seulement face à un nouveau mirage dans la course à l’automatisation ?
Paid, basée à Londres, vient d’annoncer une levée de fonds impressionnante : 21,6 millions de dollars pour son round de seed, menée par Lightspeed, s’ajoutant à une première levée de 10 millions d’euros en mars. Tout cela, sans même avoir franchi le cap du Series A. Des investisseurs séduits, plus de 100 millions de dollars de valorisation… mais derrière ces chiffres, quel est donc ce modèle de “results-based billing” qui fait autant parler ?
Contrairement aux plateformes concurrentes qui proposent directement des agents, Paid se positionne comme le trait d’union indispensable entre fabricants d’agents et entreprises : la startup leur permet de facturer non pas à l’utilisation, mais selon la valeur créée. Cette promesse de facturation “à la performance” est-elle le remède que tous attendaient face à l’épuisement des modèles traditionnels — illimités ou au forfait utilisateur — qui minent encore le secteur ?
Alors que la majorité des projets IA échouent à prouver leur utilité, Paid propose de ne facturer que l’impact concret, bouleversant ainsi les habitudes du marché.
Dans les faits, cette approche entraine une profonde mutation pour les fournisseurs d’agents, souvent perdus entre des coûts d’infrastructure imprévisibles et l’exigence croissante de résultats tangibles. Comme le souligne Medina, “si vous êtes un agent silencieux, vous ne serez pas payé” : seules les actions mesurables sont monétisées. Mais cette transparence suffira-t-elle à convaincre des entreprises lassées de financer des expérimentations IA qui, selon une étude du MIT, n’apportent de la valeur que dans 5% des cas ?
Exemples à l’appui : la jeune pousse Artisan, star de l’automatisation des ventes, s’appuie désormais sur Paid pour garantir que son IA génère véritablement du chiffre d’affaires. Même démarche du côté de l’éditeur IFS, preuve que ce mode de rémunération séduit au-delà des start-up.
Mais ce pari n’est pas sans risque. Les entreprises sont-elles prêtes à adopter ce modèle exigeant, où l’on ne paie plus pour une promesse mais pour une réalité mesurable ? Si la vision de Paid est applaudie par des investisseurs aguerris comme Lightspeed, le marché du “results-based billing” reste encore largement inexploré, et l’apparition de concurrents n’est sûrement qu’une question de temps.
En fin de compte, Paid pourrait bien redéfinir la façon dont l’industrie valorise le travail des agents IA. Mais suffit-il de mesurer l’impact pour transformer durablement l’économie de l’automatisation ? Le succès de Paid reposera-t-il sur ce seul critère de transparence ou faudra-t-il aller encore plus loin pour restaurer la confiance autour des promesses de l’intelligence artificielle ?
Source : Techcrunch




