On croyait avoir tout vu dans la saga de l’intelligence artificielle : des milliards claqués en data centers, des batailles de licornes sur fond de recyclage de slides PowerPoint, et des informaticiens surpayés se croyant détenteurs du Saint-Graal algorithmique. Pourtant, l’arme fatale du moment, c’est peut-être l’être humain lui-même, remixé à la sauce IA. La meilleure marque de fabrique ? Mercor, ce trublion qui milite pour l’avènement de l’expert en chair et en os comme carburant premium de la machine intelligente, pendant que les fonds californiens font la chasse aux “ingénieurs de la présentation” et que les data centers chauffent plus vite que le climat.
Oui, à l’heure des levées hyperboliques façon Monopoly chez OpenAI, Nvidia ou consorts (vous reprendrez bien un Data Drame signé Equity-TechCrunch ?), la course au supercalculateur, elle, se heurte à un paradoxe : c’est bien gentil de turbiner du Tflops et d’aligner des serveurs, mais sans cerveaux humains pour guider, valider, challenger ou coacher la machine sur le terrain, le château de silicium s’effondre. Ceux qui réduisaient le facteur humain à une externalité en sont pour leurs frais : l’expertise “organique” se monétise à 1,5 million par jour chez Mercor, pendant qu’il faut supplier les gouvernements de ne pas faire exploser les visas H-1B à 100k dollars pièce pour ne pas voir les talents fuir.
En miroir inversé, la startup Prezent tente, elle, de réenchanter la communication corporate avec ses IA personnalisantes, ses coachings sur-mesure, ses rachats façon poupées russes et sa foi obsessionnelle dans l’hybridation homme-machine. Quand la machine peine à faire sens d’elle-même, n’est-ce pas la diversité du tissu humain – du coach IA chez le client au designer freelance de Bangalore (coucou Figma !) – qui apporte l’audace, l’humour, la souplesse ? Le travail du futur, c’est peut-être ce mélange délicieux de talents, qui refuse la fadeur et “customise” le digital avec la patte unique de chaque industrie.
La bataille des milliards dans la tech, c’est comme au Monopoly : presque tout le monde finit sur la case “data center”.
Le nouveau terrain de jeu se situe donc bien à la lisière : là où Figma s’implante hardiment au cœur du Gujarat (merci le club “Friends of Figma”, qui innove plus vite que les devs de Palo Alto), la frontière entre design, code, IA et culture locale s’efface. Plus question de cloisonner le codeur, le graphiste ou l’ingénieur du sommeil – comme chez Oura Health. Cette fusion des rôles, encouragée par l’IA générative et l’automatisation opérationnelle, ne signe pas la mort de l’expertise. Elle la métamorphose : l’humain devient la “donnée rare”, l’actif stratégique que s’arrachent tant les startups B2B de la Silicon Valley que les géants du recrutement algorithmique.
Si chaque jour nous promet une révolution dans la bataille pour la suprématie technologique, la seule certitude, c’est que l’intelligence humaine, contextualisée et créative, s’affirme non pas contre la machine, mais à travers elle. Plus que jamais, l’ère de l’automatisation marque celle de la “coopétition” entre talents humains et algorithmes, où l’expert, la plume, le créatif et le stratège redeviennent les architectes du progrès. Demain, on ne vendra plus l’IA comme le tout-en-un du siècle, mais comme un super-pouvoir à sublimer par des équipes métissées, connectées à ce qui fait (vraiment) la différence : l’imperfection géniale de l’humain.




