« Qui ne dit mot consent… ou bien espère juste que la tempête passera. » Si la gestion de crise avait un manuel non-officiel, cette phrase en serait la préface. Cette semaine, Sequoia Capital, le géant du capital-risque à l’appétit légendaire, a préféré l’option « silence radio » face au bad buzz, misant que Twitter s’épuiserait avant eux. Spoiler : pour l’instant, la tactique fonctionne mieux qu’un filtre anti-spam sur une boîte mail de PDG.
Tout part d’un tweet (parce que, évidemment) de Shaun Maguire, associé chez Sequoia, qui s’est lâché sur Zohran Mamdani, un candidat à la mairie de New York, l’accusant d’être un « islamiste » issu d’une « culture qui ment sur tout ». Le genre de phrase qui fait instantanément exploser le compteur de vues (plus de cinq millions) et récolte une pétition furax à mille signatures, réclamant une réaction de Sequoia… qui reste zen, voire amorphe.
Pourquoi ce mode veille prolongée ? Maguire n’est pas juste un associé parmi d’autres : grâce à son amitié avec Patrick Collison (Stripe), son flair pour les deals gargantuesques (coucou l’investissement Stripe), et quelques liens pas si secrets avec Elon Musk, il a le pedigree d’un as du capital-risque. Bref, chez Sequoia, on ne débranche pas son pluviomètre à licornes au premier orage.
Dans la tech, la tempête Twitter d’aujourd’hui pourrait n’être qu’un nuage passager si le soleil des deals perce à nouveau.
Maguire, lui, n’a pas opté pour la repentance monastique. Après une vidéo d’excuses d’une demi-heure (César avait ses Commentaires, Maguire a ses Vlogs !), il repart à l’attaque, précisant qu’il n’est qu’à « 1% d’accélération ». Mise en garde à ceux qui veulent le titiller : il se dit prêt à mettre dans l’embarras quiconque irait trop loin. Ambiance théâtre d’ombres, mais avec des millions en jeu.
Du côté de Sequoia, le « pas de commentaire » pourrait presque passer pour une tradition maison. Entre Doug Leone ou Michael Moritz, la boîte s’est déjà illustrée par une tolérance à la diversité politique, à condition de ne pas franchir la ligne du scandale qui fait fuir les deals. L’affaire Michael Goguen l’a montré : accusation d’abus, et c’est la porte – la tolérance a ses limites, surtout quand la réputation vacille.
Mais ce calcul du silence a ses limites. Dans un écosystème mondialisé où une poignée de fondateurs et d’investisseurs du Moyen-Orient, signatures à la clé, réclament des comptes, ce qui semblait être une mécanique bien huilée peut vite gripper. Les startups auront-elles encore envie de venir jouer dans la cour de Sequoia si un buzz toxique ternit leur image de marque ?
Reste à savoir si Sequoia a la bonne intuition : que, dans un monde où chaque polémique chasse la précédente, le temps redevient leur meilleur allié. Mais la leçon, c’est que si les firmes de Wall Street savent traverser les tempêtes (rappelez-vous l’affaire Leon Black chez Apollo ou Kleiner Perkins et l’affaire Ellen Pao), la façon dont elles gèrent la crise définit la longueur du tunnel. Comme un expert l’a glissé : à la prochaine controverse, un petit format pour les excuses, plutôt qu’un blockbuster de 30 minutes, fera peut-être l’affaire…
Car dans la Silicon Valley, on le sait : « Less is more. » Mais pour le coup de com’, la question reste entière : Sequoia fera-t-elle fortune avec son poker face… ou finira-t-elle à découvert ? Après tout, dans la tech, parfois celui qui plante le plus gros deal… récolte aussi le plus gros bide !
Source : Techcrunch




